Allégorie de la guerre

Pendant la première guerre mondiale, sur le front Russe, soldats et civils tentent de fuir la guerre et trouvent refuge dans un manoir isolé de tout. A l’intérieur, un couple, une baronne Alexandrovich et son mari ancien combattant. Parmi les civils, on suit particulièrement le docteur et ses deux filles Natalia et Irina. Mais ce manoir recèle de nombreux secrets, comme tous ces enfants dans le grenier et surtout, une ombre rôde dans cette bâtisse.

Au niveau du scénario, c’est une espèce de huit clos dans le manoir. Même si quelques scènes se passent en extérieur. En réalité on assiste ici à une représentation de la guerre vue par des enfants. A l’orée du fantastique, cette bd nous montre les atrocités de la guerre représentées par cette ombre qui me fait penser à la faucheuse. On sent également beaucoup de tensions au sein des soldats. Entre le lieutenant Kuliakov qui ne veut rester que quelques jours dans le manoir et certains soldats qui veulent prolonger le séjour.

Visuellement c’est le point fort de cet album. C’est très beau. On comprend très vite, grâce aux dessins que les ombres que l’on voit assez régulièrement proviennent des yeux des enfants. En effet, à chaque fois qu’une case nous montre les enfants en train de regarder les soldats, des ombres les entourent. Peut-être les fantômes de soldats morts. Les ombres sont vraiment superbes et le dessin est très réaliste. Les personnages sont vraiment très expressifs et ça permet de bien rentrer dans l’histoire en s’immergeant avec eux dans le manoir.

Un premier tome très intriguant où les atrocités de la guerre se mêlent au fantastique au travers des yeux des enfants. Et après cette fin assez perturbante, pleine de trahison, je ne sais pas où vont nous amener les auteurs dans la suite et la fin de la dernière ombre.