Le feu se propage jusqu'au bout de mes doigts

Je continue de découvrir les sorties de Mangetsu avec le one-shot « Le mandala de feu » par Chie Shimomoto. Un titre qui m'a donné envie suite à leur live Tsukimi sur Twitch. Il est difficile, en un seul volume, d'offrir suffisamment de contenu pour une histoire entière. C'est un enjeu qui est bien souvent décevant, et ce n'est heureusement pas le cas ici.

Le mandala de feu nous dépeint la vie de Tôhaku Hasegawa, un artiste légendaire au Japon. C'est un manga qui va donc être d'ordre historique sur un fond romancé, avec de superbes planches et pleines pages. Je parle rarement des dessins dans mes chroniques, non pas que ce n'est pas intéressant mais que ce n'est, pour moi, pas ce qui fait un manga.

Mais ici, le trait de l'auteur apporte un réel plus qui nous immerge sans effort dans cet univers artistique. Que ce soient les œuvres de Hasagawa qui sont représentées sous une forme « 3D » comme si son peintre en faisant partie, les expression des personnages ou encore les double-pages sans texte qui dépeignent juste des situations précises... On ne peut qu'apprécier son trait précis qui dégage énormément de sensibilité.

Concernant le sujet du manga, je savais ce qu'il en retournait et pourtant je ne m'attendais pas à ça. On suit Tôhaku Hasagawa durant toute son ascension, ses prises de conscience professionnelles et personnelles, ses moments de joie comme ses peines. On se sent pleinement investi dans son histoire et on apprend même certaines choses sur l'histoire du Japon. C'est un récit complet de bout en bout, il n'y a aucune frustration ou envie d'en savoir plus : on est pleinement rassasiés.

J'ai beaucoup apprécié les différentes touches de drame qui étaient intelligemment gérées : ni trop mises en avant ni pas assez. Bien souvent, c'était au centre de l'histoire durant quelques pages et on finissait par se le remémorer de temps à autres, un bon moyen de montrer au lecteur qu'on avance dans le temps.

Vous vous en douterez sûrement par rapport à tout ce que j'ai déjà dit mais c'est un titre très mature, qui n'idéalise absolument pas le vécu de ses personnages. Quand on s'attaque à une histoire vraie comme c'est le cas ici, il faut savoir doser les choses pour respecter les personnes qui ont inspiré l'intrigue. Surtout quand on parle du Japon qui est un pays assez pudique en terme général.

Vous l'aurez compris, Le mandala du feu est un grand coup de cœur. J'étais quasiment sûr d'apprécier par rapport au thème mis en avant ayant une grande sensibilité artistique, mais je ne pensais pas que ce serait une telle claque. Surtout quand l'éditeur nous offre un aussi beau format à un prix abordable.