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Critique de Psykoparis

par MassLunar le mar. 29 juin 2021 Staff

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Quand Paris s'étripe... un festival des fous.

Psykoparis est une ode à la joie et au maniement des armes dans un Paris à la limite de l'anarchie dans lequel le goût de l'autodéfense est poussé jusqu'à un degrés de fanatisme exemplaire. Dans ce Paris du meurtre, chaque personne possède une arme, les étudiants apprennent d'ailleurs à la manier dans les amphithéâtres de la Sorbonne. Chaque arrondissement possède sont lot de mafieux et autre gangs de diverses origines mais tout le monde semble rendre des comptes à Maman, une mamie nova doucette qui prépare des confitures mais qui est aussi une terrible usurière, sans aucune pitié... Son petit carnet bleu contient toutes les dettes accumulées par les parisiens, allant du pauvre petit citoyen au dangereux gangster. Mais lorsque ce carnet disparaît à cause d'un groupe d'étudiants un peu fêtard, tout ce semblant d'ordre s'écroule et Paris bascule dans un chaos des plus jubilatoires...

Psykoparis est la création délurée de Tristan ROULOT au scénario et Corentin MARTINAGE au dessin . Ce duo est à l'origine de la série Goblin's , série de fantasy humoristique  plutôt bien appréciée dotée d'un comique trash à la Kid Paddle ou Game Over. Mais en dehors de Goblin's , le duo s'était aussi retrouvé pour un premier tome de Psykoparis qui ne s'était pas vraiment fait remarquer malgré quelques bonnes appréciations de la part du lectorat. Psykoparis est rééditée cette année dans une version intégrale qui comprend donc le premier tome plus 60 nouvelles pages. Quoi de mieux qu'une intégrale pour concentrer en un seul volume cet opéra sanglant et follement décalé de cet odyssée criminelle dans les p'tites rues de Pariiiiis ?

 Psykoparis est un chassé-croisé de personnages haut en couleurs allant d'un ancien combattant d'arène désabusé à un petit étudiant fétard en passant par un mystérieux recouvreur de dettes des égouts, un escrimeur raffiné mais implacable ou encore un clochard adepte du couteau sans compter une petite mamie qui tient Paris entre ses douces griffes... Psykoparis est une faradonle de personnages allumés dont les rencontres se clôturent souvent sur de la confrontation à l'arme blanche et force éclaboussures de sang. 

Corentin MARTINAGE pousse le degrès trash de Goblin's à un autre niveau, moins accessible et , parfois plus premier degrès, mais vraiment jubilatoire. Si vous appréciez l'action stylé d'un Tarantino ( comparaison qui revient souvent dans les critiques de Psykoparis) , vous apprécierez Psykoparis qui se lit un peu comme un midnight movie où une série B totalement folle dans lequel tous les coups sont permis. Au passage, la première de couverture a l'allure d'une bonne vielle affiche de ciné décérébré et décomplexé avec sa galerie de personnages en V.

Avec ce titre, les auteurs ont créé un vaste terrain de jeu transfigurant un Paris dans lequel le quartier de Montmartre est devenu une zone autosuffisante gouverné par un évèque autoproclamé ou des Catacombes abritant une zone pour les marginaux et les pauvres. Paris est aux mains des mafias et des gans mais pourtant tout baigne dans une sorte de contrôle avec une sélection de tueurs au service de "l'ordre" qui mettent fin aux exactions les plus sauvages, quand certains se laissent à des meurtres un peu trop gratuit comme en témoigne l'ouverture du titre dans lequel un petit café parisien devient le lieu d'un combat façon Kill Bill. 

Côté personnages, il y en a pour tout les goûts dans cet univers désaxé. Pour ma part, j'ai bien apprécié le tueur collectioneur d'armes de prestiges, son ton raffiné et toujours accompagné de son Watson de caddy qui , à la place d'un club de golf, lui présente une arme suivant la situation. Les personnages sont tous plutôt allumés, tous animés par un comique de caractère singulier. C'est jubilatoire avec un minimum de drama histoire de donner un peu de force narrative. Ainsi , Psykoparis reste quand même un titre à ne pas mettre entre toutes les mains. C'est un bd adulte où l'ultra-violence peut donner lieu à des combats enragés mais aussi à des scènes un peu plus frontales... 

Au dessin, Corentin Martinage s'en donne à cœur joie. Sa ligne est fluide avec beaucoup de rythme et il évite le côté passe-partout en affublant ses personnages d'un bon chara-design. Vous associez cela avec une colorisation très agréable emmené par un trio ( rien que ça) Jean-Noël le Moal, Julie Poupart et Mikl ... Une colorisation qui apporte énormément de bonne humeur à ce titre. C'est très lumineux et cela contribue à accenter cette ambiance totalement déjanté. Force est de reconnaître que dans le fond , la ligne peut s'avérer un peu classique... Nous ne sommes pas dans un dessin aussi stylé et démarqué qu'un Tyler Cross ou un Il faut Flinguer Ramirez pour rester dans la lignée du polar féroce emprunt d'humour noir mais le rythme, la fluidité de l'action, la folie des personnages contribuent à faire de ce Psykoparis un véritable festival ! 

Je freine un peu l'enthousiasme de cette critique car si Psykoparis s'avère une bonne bd d'été tout le long, une bonne course-poursuite effrénée, j'ai été moins convaincu par le final qui précipite un peu trop vite les choses. Là où on aurait pu s'attendre à un bon Last man standing ou un bon duel à trois, les auteurs raccourcissent un peu le combat avec un peu d'ellipse et un coup de tranchant en une case horizontale. C'est un petit dommage car l'action était tellement omniprésente tout le long de l'album qu'on pouvait s'attendre à un duel au sommet. En somme, cette odyssée criminelle est réussie dans l'ensemble , il ne faut pas chipoter, mais elle se laisse maladroitement trancher par son rythme furieux en fin de volume. Peut-être est ce dû au fait de porter une conclusion 10 ans après la sortie du premier tome...

En bref

Mis à part un final qui aurait gagné à être beaucoup plus intense et ce malgré une fin ouverte en mode cercle vicieux., Psykoparis est une odyssée criminelle jubilatoire, un festival de personnages allumés dans un Paris qui l'est tout autant. Pour les amatrices et amateurs de polars enfiévrés , agressifs et tout simplement excitant.

8
Positif

Un polar façon série b, tarantinesque, lumineux et barré dans un Paris du vice où tout les coups semblent permis.

Une farandole de personnages absurdes

La colorisation très lumineuse qui accentue l'allégresse du titre

Un rythme mené tambour battant avec un minimum de drama et pas mal de force narrative

Negatif

Un règlement de comptes final un peu précipité et qui coupe un peu l'intensité du titre.

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