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Critique de Safrane Chu #1

par Ben-Wawe le lun. 6 juin 2022 Staff

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Frustrante déception pour le tiède récit dérivé de Tony Chu, détective cannibale

Delcourt lance en France Safrane Chu, directement issue d’un grand succès : Tony Chu, détective cannibale. Le nouveau titre poursuit cet univers, car Safrane est tout simplement l’une des sœurs de Tony, dans une fratrie aux membres souvent dotés d’étranges pouvoirs.

Tony Chu est un policier cibopathe, capable de lire psychiquement les impressions de tout ce qu’il ingurgite. Un meurtre mystérieux ? Hop, il grignote un bout de chair et a le ressenti du décédé avant sa mort ! Delcourt propose entre 2010 et 2017 les douze albums de la série, multi-récompensée. John Layman, scénariste de l’ensemble, enclenche une nouvelle étape avec la sœur de Tony, dont les capacités mais aussi l’orientation diffèrent !

Safrane Chu est une ciboparse, capable de lire les pensées de ceux avec qui elle partage un repas. Mais attention, elle doit déguster la même chose qu’eux ! La jeune sœur de Tony, dans la petite vingtaine, est cependant l’une des criminelles les plus recherchées de la ville et du monde. Elle est le mouton noir de la fratrie Chu, finalement assez proche du grand-père, criminel de très haut vol.

Safrane Chu Tome 1 propose de découvrir cette héroïne criminelle, dans un récit mêlant mauvaises décisions et rebondissements surprenants. Safrane est engagée avec d’autres délinquants par Boss Rassalonik pour affaiblir son concurrent, Boss Bucatini. Elle collabore notamment avec Eddie, son petit-ami lâche et violent.
Hélas, l’opération est un fiasco, poussant Safrane et Eddie à s’enfuir avec toute la pègre aux trousses. Le duo tente de survivre face à plusieurs tueurs violents, tandis que Tony Chu, qui débute alors son activité, remonte lentement la piste vers sa sœur.

Le descriptif du récit se révèle ainsi assez classique, bien que ce dernier dispose d’événements qui permettent de dévier légèrement d’une piste bien connue. La lecture est fluide, sans vrai temps mort, avec notamment des interactions bienvenues avec la fratrie Chu.
Hélas, trop peu de choses fonctionnent et la lecture se révèle fort décevante.

On pouvait logiquement s’attendre à retrouver l’ambiance Tony Chu, détective cannibale et il est agréable de revoir ce dernier, à ses débuts. Les passages familiaux sont intéressants, notamment la confrontation attendue entre Safrane et Tony, brutale devant leurs proches.
On dispose également de l’univers décalé de la franchise, bien que cela soit particulièrement sage ici, et presque trop prévisible par endroits.
Mais l’ensemble pèche essentiellement par Safrane elle-même.

John Layman tente de diversifier son univers avec ici une héroïne criminelle et d’autres pouvoirs, mais rien ne fonctionne véritablement.
Les capacités de ciboparse sont moins intéressantes que celles d’un cibopathe, et il semble particulièrement difficile pour l’auteur de trouver à les utiliser. Les passages où Safrane les enclenche sonnent forcés, et les effets tombent à plat.
D’autant que Safrane ne donne pas envie de la suivre. John Layman l’écrit comme un cliché d’adolescente rebelle, criminelle sans raison exprimée, juste « comme ça ». Un lien clair aurait pu être fait avec le grand-père, mais ce n’est jamais évoqué, malgré des rappels sur l’aïeul.

Safrane est une adolescente énervante, qui se lance dans le crime avec morgue et quantité de mauvaises décisions. Elle n’a que trop peu d’aspects positifs, et manipule, trompe puis commet des horreurs sans s’expliquer ou s’excuser.
L’héroïne est ainsi trop insupportable pour être appréciée comme fille à problèmes, mais n’est pas assez méchante pour qu’on puisse aimer la détester. Cela créé un entre-deux gênant, où Safrane devient irritante par sa seule présence et ses choix crétins. Comme son petit-ami, qui profite d’elle, sans que la romance ne soit jamais évoquée ; c’est ainsi, et c’est tout.

Il peut par conséquent être difficile de s’intéresser à une série dont l’héroïne peut particulièrement crisper et énerver, avec également des dessins très légers de Dan Boultwood. Ce dernier tente de suivre l’ambiance Tony Chu, détective cannibale mais ses planches sont souvent brouillonnes, avec des personnages aux formes un peu ratées.

En bref

Safrane Chu Tome 1 a l’avantage de retrouver Tony Chu, avec un retour à ses débuts et un peu de son univers décalé. La lecture est fluide, mais peut être crispante à cause de l’héroïne, mal caractérisée et tout simplement trop souvent mal écrite. Le graphisme pouvant aussi diviser par ses failles importantes, ce lancement s’avère ainsi assez décevant, hélas.

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Positif

Retrouver Tony Chu.

Quelques touches légères de son univers décalé.

Une narration maîtrisée, sans temps mort.

Negatif

Une héroïne très mal écrite, rapidement insupportable.

Un manque de travail sur l’environnement, les explications et les décisions de chacun.

Un graphisme qui va diviser, par ses défauts manifestes.

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