Fils, tu es le père, tuer le père...

Ce quatrième volume de Bâtard apporte un point d'orgue terriblement efficace à ce duel psychologique de haute haleine entre un père tueur en série et son fils, complice malgré lui des horreurs commis par son géniteur;

Le tome précédent de cette adaptation papier de ce webtoon s'achevait sur une victoire pour notre (anti)héros tourmenté Jin qui voit sa relation avec Gyeon évoluer tout en étant responsable de l'arrestation d'une tueuse manipulée par le diabolique paternel. Tout semble allait pour le mieux jusqu'à ce que la confrontation père/fils prenne un nouveau cap lorsque le diabolique Dong-Su coupe les vivres de Jin obligeant ce dernier à se débrouiller. Mais ce n'est que le début de l'intrigue de ce quatrième opus qui enchaine révélations et rebondissements. La vérité finit par éclater entre quelques magistrales leçons de manipulations. 

La figure diabolique du père est une nouvelle fois remarquablement mise en valeur avec un Dong-Su Seonwoo toujours plus cruel et sournois. Angoissant, ce volume laisse éclater des planches tout en tension, un régal qui atteint le meilleur niveau de suspense dont est capable ce thriller psychologique, surtout après un troisième tome un petit peu plus faible au niveau de l'intrigue.

Rien d'étonnant à ce que la tension grimpe en flèche puisque nous en sommes déjà à l'avant-dernier volume. Le scénariste Carnby KIM laisse éclater certaines vérités tout en tissant habilement la tension et les jeux de manipulations entre le père et le fils. Quelques intéressants personnages secondaires font aussi leur apparition dans ce volume comme le "mercenaire" Man-Deuk , sorte d'homme à tout faire qui va seconder notre cher Jae-Hyeok  à la fois déterminé et toujours meurtri par l'accident  qui a couté la vie à ses parents. Les engrenages se mettent bien en place jusqu'à un final qui s'achève sur une belle note de confrontation et de vérité.

Le dessin tout en huit-clos aux milles nuances ténébreuses de Younghan Hwang nous permet de mieux savourer cette ambiance soutenue et nerveuse. On appréciera le cadre de l'appartement qui donne la sensation d'un emprisonnement sur ses personnages. De plus, le dessinateur distille une touche de cauchemar avec les visions schizophréniques de Jin, de plus en plus tourmenté par sa maudite filiation. Cela donne d'ailleurs lieu à du doute tout simplement délectable comme si, même nous, en tant que lecteurs nous nous retrouvions prisonnier de la toile manipulatrice du tueur.

A ce thriller tout en efficacité, magistralement soigné dans son atmosphère oppressante et la qualité de son écriture, vient s'ajouter une nouvelle fois cette parabole intéressante avec la figure de ce jeune homme qui s'affranchit, qui se bat comme un bel écho d'initiation. 

Encore une fois, Bâtard n'est pas seulement un thriller délicieusement diabolique, c'est aussi le reflet efficace d'une quête d'émancipation.