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Critique de Nocterra #1

par Ben-Wawe le jeu. 27 janv. 2022 Staff

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Coup de coeur pour le début très prenant et intense d'une série qui s’annonce solide et riche

Delcourt publie en France les débuts de Nocterra, premier titre du scénariste Scott Snyder au sein de son label Best Jacket Press chez Image Comics.
L’auteur a en effet quitté DC Comics après son Batman : Death Métal, pour s’emparer de ses propres créations. S’il a signé quelques titres chez des Indépendants, dont Wytches déjà chez Image Comics, il est devenu une star via Batman. Scott Snyder s’en empare en 2011 avec Sombre Reflet, pour embrayer sur la période DC Renaissance avec Greg Capullo. Tous deux signent Batman : Métal, et se retrouvent sur la suite après que le scénariste ait aussi signé une quarantaine d’épisodes de Justice League.

Celui qui était jusqu’il y a peu l’architecte en chef de DC vend beaucoup, mais c’est un auteur qui crispe, polarise. On aime ou on rejette, avec rarement un entre-deux.
Sa première « grande » série indépendante est ainsi attendue, après de telles réussites publiques chez DC.
Et, après lecture de ce premier tome, il faut avouer que… c’est une très bonne surprise !

Pour commencer, Nocterra se place dans un monde post-apocalyptique, terrible.
Un jour, à notre époque, le Soleil disparaît ; sans explication. La Terre est plongée dans la nuit. Les gens essayent de réagir, de s’entraider – mais quiconque demeure au contact de cette nuit, des ténèbres… devient une ombre. Un monstre, de plus en plus terrifiant et inhumain.
La contamination est évolutive, et certains paliers « légers » permettent de ramener les infectés via dialyse ou exposition à une lumière forte. Mais, comme on s’en doute, la lumière devient rare en ce monde…

Treize ans plus tard, la civilisation s’est écroulée et le monde est dangereux.
Seuls demeurent quelques îlots humains, des points sur des cartes de plus en plus troubles. Des transporteurs font le lien entre ces zones parfois sûres.
Valentina Riggs est l’un de ces chauffeurs. Elle avait onze ans lorsque les ténèbres sont venues, et a pris des décisions terribles pour protéger Emory, son jeune frère adoptif. Valentina avait en effet été recueillie par Catherine et Miguel Riggs, qui avaient payé une opération pour soigner sa quasi cécité liée à une cataracte sévère.
Val a vécu une enfance difficile à l’orphelinat, et en a tiré la détermination à survivre. Sous le pseudonyme, « code QRZ » sur la route, de Sundog, elle transporte ainsi des marchandises et des gens. Mais en vient cependant à faire le choix lourd d’emmener la jeune Bailey et son grand-père Gus, dans un endroit qui pourrait détenir une lumière solaire… car Val doit sauver Emory, atteint par la Gangrène Noire.
Le voyage va cependant révéler bien des secrets, sur eux et ces ténèbres, tandis qu’ils sont poursuivis par Blacktop Bill, un homme littéralement fait de noirceur !

On le comprend, Nocterra est un récit dense et riche.
Ce qui commence comme un récit proche du Salaire de la Peur se développe via plusieurs éléments sur l’arrivée des ténèbres. Scott Snyder anime habilement sa série, en maintenant un rythme effréné par la conduite (particulière !) que Val a de son camion, et les nombreux dangers rencontrés.
Les révélations s’enchaînent, autant sur la situation générale que les personnages. Bailey et (surtout) Gus cachent des secrets, mais Val et Emory se dévoilent aussi lentement. Val elle-même est une voix-off intéressante, bien que parfois un peu bavard, grâce à son approche pragmatique, cynique et souvent désespérée.

La lecture se révèle ainsi extrêmement agréable, grâce à des personnages bien écrits et un très grand dynamisme des événements. Scott Snyder ne révolutionne rien dans l’écriture, surfe allégrement sur les ambiances de Spawn ou The Darkness, mais utilise intelligemment des concepts et principes efficaces, fluides.
La mythologie qui se dévoile est intéressante, intrigante, mais semble surtout très ambitieuse. Si le scénariste va aussi loin qu’on le pressent, quel chemin il aura été parcouru à partir de Val, « petite » convoyeuse post-apocalyptique !

L’ensemble est dessiné par Tony S. Daniel, avec des couleurs de Tomeu Morey.
Le dessinateur, connu pour ses Batman notamment, est efficace et sûr. Il rend des planches maîtrisées, très lisibles, avec des personnages bien croqués. Les couleurs sont belles et bien choisies, avec de bonnes ambiances.
Dommage, cependant, que les visages soient parfois un peu similaires. Surtout, Tony S. Daniel a un trait efficace, oui, mais souvent assez rigide. Ses personnages sont raides, peu dynamiques.
Un peu frustrant dans l’action, d’autant que ses ombres fonctionnent – mais auraient sûrement pu être encore plus impressionnantes par un Greg Capullo. Le fidèle comparse de Scott Snyder aurait sûrement été formidable, ici, et Tony S. Daniel sonne comme un bon remplaçant ; mais guère plus.

Un mot enfin sur la très belle édition : Delcourt livre un très beau livre, agréable à lire. Le mot de fin de Scott Snyder est un bon apport, et les nombreuses illustrations enrichissent l'ensemble !

En bref

Nocterra est une bonne surprise. Scott Snyder propose un récit dense, riche et très dynamique, avec des personnages attachants et une mythologie intrigante. Quelques défauts émaillent l’ensemble, mais la lecture est fluide et agréable, malgré des dessins qui ne brillent pas… sans mauvais jeu de mots !

7
Positif

Une histoire très rythmée et efficace.

Des personnages attachants.

Une mythologie ambitieuse et intrigante.

Negatif

Un graphisme « juste » réussi.

Une voix-off parfois bavarde.

Pas de révolution ici, mais de bonnes ficelles bien utilisées.

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