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Critique de Le Secret des écailles bleues

par Tampopo24 le mar. 22 févr. 2022 Staff

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Quand un mystère aide à guérir

Première incursion dans la collection Moonlight depuis ma brève découverte du Dévoreur de souvenirs. Je n'étais pas retournée vers la collection, ne trouvant pas forcément d'histoires et de graphismes m'attirant. Mais ici, la singularité du trait de Yoko Komori m'a interpellée dès la couverture avec ce petit quelque chose rappelant un certain Shin'ya Komatsu (Souvenirs de la mer assoupie, Un été à Tsurumaki) dont j'aime beaucoup l'univers.

Comme attendu, j'ai eu la chance ici de lire une très belle histoire sur l'enfance, une histoire qui m'a touchée et de découvrir un univers plein de rondeur dont l'onirisme m'a emportée. Dès le début, le ton voulu par l'artiste est étrange, un brin mélancolique et hors du temps. Avec son dessin tout en rondeur et en suspension, elle offre quelque chose de très aérien à son histoire, comme des bulles flottant au grès du vent. C'est assez magique. Pourtant, l'histoire, elle, a un petit quelque chose de plus tragique. 

Tout commence lorsque Takiko va vivre au bord de la mer avec son père chez sa grand-mère après que sa mère, on le devine, les ait abandonnés. Cette petite, qui semble cacher sa grande tristesse derrière un calme et un sourire trompeur, semble irrésistiblement attirée par la mer et la légende des sirènes de la ville. Elle y va donc pour admirer ce lieu et se vider la tête avant de commencer une nouvelle vie. 

C'est touchant de voir les premiers pas de cette petite dans sa nouvelle vie, sa nouvelle maison, son nouvel environnement, sa nouvelle école, ses nouveaux amis. Nous la suivons pas à pas avec émotion mais aussi avec la peur qu'elle craque face à toute cette pression. Mais vaillante, elle résiste et se fait sa place, ce qui est adorable. On aime découvrir cette charmante bourgade à ses côtés grâce aux superbes dessins tout en douceur et lignes courbes de Yoko Komori, c'est comme d'être face à plein de bonbons. On aime l'accueil chaleureux et amusant, typiquement enfantin, que lui réserve ses camarades de classe et la petite bande avec laquelle elle va frayer. On aime les efforts que font sa grand-mère et son père pour tenter de rendre ce changement moins douloureux. C'est très émouvant.

Cependant, la tristesse de l'héroïne est là et elle se manifeste notamment à travers la légende de cette sirène qui se rattache à un souvenir d'une journée passée avec sa mère. La superposition des deux donne quelque chose de vraiment étrange et particulier, surtout quand s'y ajoute le mystérieux Narumi, un camarade de classe, qui souffle le chaud et le froid, et semble attiré lui aussi par la mer mais refuse de parler des sirènes. On a ainsi l'impression, comme dans les titres de Shin'ya Komatsu (Souvenirs de la mer assoupie, Un été à Tsurumakid'embarquer dans un conte pour enfants plein d'aventures et d'étranges mystères où un quotidien un peu difficile va se retrouver métamorphosé et subjugué par un apport inattendu de fantastique. Ça fonctionne à merveille sur moi.

Surtout que comme je l'ai dit à plusieurs reprises, le dessin fort singulier de Yoko Komori qui travaille énormément sur les courbes, les rondeurs, les bulles, m'évoque une poésie enfantine doucement sucrée. J'adore les visages tout rond de ses personnages avec leurs petits yeux en amandes si mignon. J'adore sur le détail des paysages qui donne l'impression d'une grande familiarité avec cette charmante bourgade. Elle impose un tempo lent et entêtant, doux et apaisant, mais mystérieux et poétique qui nous entoure comme un cocon cotonneux. C'est réconfortant et intriguant. 

En bref

Avec cette nouvelle courte série, Delcourt-Tonkam m'a touchée en plein coeur. J'ai été autant séduite par ce trait si doux et enfantin de l'autrice qui me rappelle celui d'un autre auteur que j'adore et que je vois encore trop peu dans le paysage manga français. J'ai été émue par l'histoire de cette petite fille que sa mère a abandonnée et qui essaie de se reconstruire en se confrontant, mais en même temps en fuyant un peu aussi, la réalité grâce à ses rêves de sirènes. C'est touchant et poétique, dur et réconfortant, mais en tout cas très singulier et cela interpelle.

8
Positif

Un dessin enfantin doux et poétique

Une histoire émouvante et onirique pour oublier une rude réalité

L'histoire d'une reconstruction

Un décor de bord de mer très séduisant et familier

Un cadre enfantin savoureux

Un peu de mystère et de légende

Negatif

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