Donne moi ton coeur bébé !
Shigahime est un manga qui a les crocs... Mangetsu publie ici un seinen assoiffé de sang, horrifique, cruel, avec une petite pointe d'érotisme et le tout relevé par du gore bien épicé. A conseiller avant tout aux amateurs d'horreurs et à celles et ceux qui n'ont pas peur de se salir un peu les yeux.
A la barre de ce seinen, nous retrouvons le discret Sato Hirohisa dont la première série Assassins fut publiée chez Komikku en 2014. Après ce thriller comparable au Léon de Besson, le mangaka nous plonge cette fois-ci dans l'horreur pure avec cette histoire impitoyable de vampire qui allie une brutalité sanguinaire avec une pointe d'érotisme. La série compte cinq volumes au total et elle s'avère plutôt prometteuse pour qui a envie de déguster quelque chose de cru.
Nous suivons le quotidien d'Osamu Hirota, un lycéen sans histoire, qui se retrouve piégé par le triste Soichi, un enfant solitaire qui l'entraine dans un inquiétant manoir. Osamu fera alors la terrible rencontre de Miwako, une sublime femme-vampire qui se repait littéralement du cœur d'autrui. Décelant du "potentiel "chez Osamu, elle décide de le manipuler et d'en faire son familier, autrement dit son sbire obligé de collecter les cœurs encore frais de ses victimes. Mordu, Osamu n'en n'oublie pas pour autant son unique amour Chika, qu'il va tenter de tenir éloigné de cette situation.
Ce premier volume nous plonge directement dans une ambiance ensanglantée et cruelle, une ouverture monstrueuse dans laquelle on découvre rapidement le sort réservé à une victime. Pour son deuxième manga, Sato Hirohisa n'a pas peur de salir son crayon et multiplie la violence et la brutalité de certaines cases à coup d'arrachages de cœurs, de démembrements et brulures. Le mangaka montre son aisance dans l'horreur tout en distillant une touche sexy à travers la monstrueuse succube qu'est Miwako. Antagoniste phare de cette série, Miwako est aussi énigmatique qu'impitoyable comme on le découvre dès le premier chapitre. C'est un monstre à la fois de séduction et de cruauté dont le lien avec Osamu va s'avérer également des plus fascinants entre confrontation et manipulation... Miwako est un monstre fascinant dont on ne peut détacher les yeux. Cela est peut-être du au chara-design très réussi du personnage. Le mangaka reflète parfaitement la sensualité et la violence de cette prédatrice qui s'amuse à tourmenter notre pauvre héros. On demeure sur la figure séductrice du vampire mais avec une plongée dans l'horreur.
L'autre personnage de l'histoire est donc ce pauvre être qu'est Osamu qui apparaît comme un personnage qui n'a absolument rien demandé. Un portrait presque banal si ce n'est son amour pour Chika, sa seule attache vers cet humanité qu'il commence à perdre. Dès ce premier tome, on suit la transformation de ce personnage à travers notamment des passages hallucinés comme celui des cœurs qui remplacent la tête des humains (!) soulignant la soif de sang du personnage. Un héros qui se révèle vite attachant en raison de son lien avec sa copine. On devine la dualité qui va entourer notre personnage principal entre son amour pour la lycéenne et la séduction mortifère de Miwako.
L'intrigue s'élargit un peu dans les derniers chapitres en introduisant d'autres menaces vampiriques mais, pour l'heure, ce premier tome de Shigahime est surtout un volume d'exposition qui ne lésine pas sur le gore et la tourmente pour mieux nous happer dans sa toile horrifique. Une entrée en matière brutale servi par un dessin exemplaire que je conseille sans problèmes aux amateurs d'horreur pur jus.
En bref
Ce premier tome de Shigahime nous happe brutalement dans cette relation de tourmente entre une succube totalement impitoyable et un pauvre jeune homme capturé dans sa toile. Sato Hirohisa s'approprie la figure du vampire dans un registre violent, cruel et douloureux avec un dessin de qualité tout en posant les bases d'une intrigue plus tortueuse qu'il n'y parait.
Positif
Miwako, succube magistrale entre sensualité et monstruosité
Une certaine maitrise de l'"horreur frontal et soudain de pair avec la précision du dessin de Sato Hirohisa.
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