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Critique de Les dames de Kimoto

par Korail le lun. 7 mars 2022 Staff

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Une fresque familiale féminine

Les Dames de Kimoto, c’est l’histoire d’une lignée de femmes ; histoire qui est liée celle du Japon avec un grand H depuis la fin du XIXe siècle.

Il y a d’abord Hana. Avec elle, on observe et on interroge la place traditionnelle de la femme, son éducation, son pouvoir, ses silences. Elle est la dame de Kimoto, belle, elle incarne la maîtrise absolue, même dans la souffrance. Elle suit les préceptes de sa grand-mère, les interroge. Sans remettre ouvertement en question les Hommes et la société, elle a une vraie influence sur les évènements.

Sa fille Fumio est tout feu tout flamme. Dynamique, rebelle et féministe, elle fait sauter les verrous avec fraîcheur et désinvolture. Elle entend bien vivre selon ses désirs. Puis elle devient une femme, et rien n’est plus si simple.

Hanako, la petite fille d’Hana, incarne la relève, celle pour qui le Japon traditionnel n’est qu’un guide lointain. Sera-t-elle plus libre ?

Les personnages masculins de la famille, à savoir le mari politicien de Hana, son beau frère fragile et son fils discret sont intéressants et complémentaires eux aussi. Les intrigues et les non dits qui se tissent autour d’eux permettent de mieux dessiner les attentes, les espoirs et les déceptions d’une société traditionnelle sur le déclin.

La force de ce roman réside dans la description de la pudeur, de la mesure, de la retenue, de l’intensité des émotions que l’on voile. Le dessin de Cyril Bonin est parfait dans ce sens là. Tout se comprend par une inclinaison de tête, un pincement de lèvres ou des yeux qui se baissent. Les couleurs sont douces, rien d’exubérant dans le trait, ce qui renforce les mots et les attitudes des personnages . On est dans une sorte de retenue intense si l’on peut dire. C’est vraiment réussi.

Des tas de thèmes sont évoqués : le couple, le respect des traditions, les déceptions relationnelles, ce que l’on choisit de dire ou de taire. Le rythme est lent, les personnages délicats et vraiment incarnés : Cyril Bonin réussit une très belle adaptation.

En bref

Tout en subtilité et en retenue, se dessine l’évolution de la société et de la condition féminine au Japon. Les histoires intimes, les joies et les drames personnels d’Hana et de sa lignée de femmes embrassent celles et ceux de la société japonaise dans son ensemble. C’est beau et c’est bien fait : une BD que je recommande sans réserve.

8
Positif

dessins en parfaite adéquation avec la psychologie des personnages

histoire délicate et intense

saga féminine

Negatif

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