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Critique de Dragon Head #5

par Tampopo24 le dim. 13 mars 2022 Staff

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Une fin en queue de poisson

Douche froide ! Je suis bien obligée de le reconnaître, j'ai beau avoir adoré le développement de l'oeuvre sur les quatre premiers tomes, la trouvant vraiment magistrale dans son écriture d'un pays au lendemain d'une catastrophe inconnue et inimaginable, j'ai eu beaucoup de mal à aller au bout de ce dernier tome, qui offre une conclusion honnête mais poussive.

En effet, de retour à Tokyo, l'auteur décide de boucler la boucle et de revenir avec insistance sur le thème phare de son premier tome : la peur. Il laisse ainsi de côté toute la dimension post-apo qui m'avait tant fascinée et ne s'en sert que brièvement de décor. Je suis un peu déçue.

Pour nous conter cela, il utilise une narration redondante et poussive où il décrypte longuement ce qu'est la peur, ses sources, ses conséquences, la façon dont les gens la vivent ou luttent contre, etc. S'il ne l'avait fait qu'une fois, en soit cela ne m'aurait pas dérangée car c'était quand même le sujet de son oeuvre, mais vu qu'il y revient sans cesse avec des discours longuets et répétitifs, ce ne fut pas des plus agréables malheureusement.

Ainsi tout au long de ce gros volume double, nous voyons le héros, qu'on avait un peu laissé de côté, ce qui n'était pas un mal, revenir au centre et partir à la recherche de ses parents et d'Ako. Son but est bien sûr sillonné de chemins de traverse qui vont le mettre en contact avec ce qui l'effrayait tant dans le premier tome avec Nobuo, la folie humaine dans ce qu'elle a de plus illogique et mystique. C'est glaçant mais fascinant de voir un tel retour au source et de voir une évolution à plus large échelle de ce que proposait Nobuo. Mais face à celle, la réponse que l'auteur apporte par Teru est peut-être un peu trop simple pour vraiment convaincre. Le souci du détail psychologique pour décrire leur peur et leur folie est oublié dès qu'il s'agit d'apporter une réponse. D'ailleurs a-t-on besoin d'une réponse ? Je me le demande vraiment.

Heureusement, ce discours asséné de manière vraiment indigeste se couple avec une ambiance vraiment sombre et dérangeante parfaitement menée, elle. S'il n'y avait pas eu le texte maladroit de l'auteur, j'aurais peut-être bien plus apprécié d'assister à cet ultime chapitre car replonger dans les entrailles de la Terre à travers les voies du métro était fascinant de noirceur et collait des frissons, de même qu'être confronté aux individus qui s'y sont réfugiés, puis à leur folie à la surface et à la réponse de la nature qui n'en finit plus de rugir. Graphiquement, le titre vaut vraiment le détour dans ce qu'il propose d'un Japon ravagé par les catastrophes.

Cependant le lecteur avide de réponses comme moi, sera peut-être frustré par celles-ci, car elles sont au final à la fois bien convenues et bien ouvertes. Elles n'apportent pas la claque attendue. Il faut dire que le procédé choisi par l'auteur de nous servir des indices à travers les messages radio échangés par les militaires est assez faible, sans parler de cette lettre de 3 pages que j'ai trouvé insipide au possible. Il y avait tant à faire ici et l'auteur accouche d'une souris.

En bref

Je ressors donc déçue de mon ultime lecture de Dragon Head jusque dans l'explication pauvre du titre de l'oeuvre. Je n'ai pas vibré comme je l'aurais aimé, j'ai plutôt lutté pour aller jusqu'au bout à cause d'une narration poussive autour d'un thème traité trop artificiellement et caricaturalement. Moi, c'était la dimension post-apocalyptique qui m'intéressait et j'ai eu l'impression qu'au final l'auteur n'avait pas su s'en dépatouiller et que ça finissait en queue de poisson. Reste une oeuvre qui auparavant m'a fascinée sur 4 tomes comme rarement une autre l'a fait. Je retiendrai donc ces 4 tomes là qui sont des coups de coeur et je tâcherai d'oublier sa conclusion...

6
Positif

Quatre premiers tomes dantesques

Un retour aux origines bien mené

L'évolution glaçante de la folie humaine

Des paysages graphiques saisissants sur ce pays en proie aux catastrophes

Negatif

Une narration répétitive et poussive

Des personnages falots

De la psychologie du café du coin

L'abandon progressif de la dimension post-apo

Une explication bateau du titre

Un effet pétard mouillé

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