L’ingénu

La page de couverture donne le ton de ce superbe one-shot, entre sacré-cœur et monde souterrain, entre anges et démons. Au travers d’un dessin sépia, le lecteur est plongé dans le Paris des années cinquante, et n’en sort plus durant 130 planches splendides. C’est comme si l’on se retrouvait dans un vieux film en noir et blanc, qui n’aurait pas subi les assauts du temps. Chaque case est précise, et les doubles pages sont une prouesse et un régal pour les yeux.

Ici, c’est l’ambiance lugubre d’une banlieue industrielle grise qu’éclaire à peine les fumées blanches et bleus s’échappant des cheminées ; Là, c’est une vision aérienne du sacré cœur et de ses environs. Et que dire de ces scènes de vie et de rue de la fin de l’ouvrage ? Sublimes.

AU niveau de l’histoire, on suit les pérégrinations d’un jeune homme, Antoine, dit Toinou, qui quitte son Aubrac natal, pour monter à 18 ans à la capitale, chez son oncle bougnat. Celui-ci le fait travailler comme livreur de charbon et de spiritueux, entre autres pour le cabaret « La lune bleu », à Pigalle. C’est dans cet endroit qu’il apprend la vie, au contact de femmes légères, d’une jeune orpheline sérieuse et de divers malfrats.

C’est en participant, en guetteur, à un mauvais coup, que sa vie prend une nouvelle direction

Avec cette BD, les auteurs nous plongent dans le Paris des années 50, dans un Pigalle sépia plus vrai que nature, dans lequel évoluent côte à côte truands, politiques, industriels et policiers. On y suit la vie tumultueuse et dramatique d’un jeune garçon, plus victime que maître de son destin. C’est délicieux à lire et à regarder, avec une qualité graphique exceptionnelle.