Libre et sauvage

De cette trilogie je retiens tout d’abord le dessin, superbe, de Labiano. Il nous plonge dans ce continent mystérieux où la magie semble presque naturelle, et l’incarnation animale couler de source. De jour ou de nuit, du labyrinthe des rues à l’immensité désolé du désert, il donne consistance, densité et mystère à ces villes et ces terres.

Et puis il y a les personnages, au regard glaçant et animal, aux postures sauvages, aux traits acérés. L’indomptable est partout.

Et enfin il y a les couleurs, avec des choix osés qui tranchent, ocre des villes et des déserts, bleu sombre des nuits, qui ensembles concourent à une ambiance énigmatique et mettent en tension le récit.

L’histoire louvoie autour de deux peuples, deux cultures. D’une part les juifs d’Afrique, la tribu de Juda à l’emblème du Lion. Chassés, boucs émissaires, ils gardent leur volonté et la fierté de leurs origines et de leur religion. De l’autre, un sorcier africain amène ses croyances, ses pouvoirs magiques, dans cette quête d’indépendance et de liberté.

Au travers d’incarnations, c’est aussi l’animalité de l’homme qui transparait. Pas tout à fait perdue, simplement un temps oublié, elle ne demande qu’à ressurgir en chacun de nous.

Les tribulations de John, anglais bon teint devenu Lion par la vengeance d’une soricère, nous permettent, grâce aux auteurs, de toucher à la profondeur et aux mystères de terres et de cultures éloignées des nôtres, mais dont nous avons certainement beaucoup à apprendre.