Un appel décisif

Et vous, que feriez-vous si votre prochain coup de téléphone vous mettait directement en ligne avec l'enfant que vous étiez ?

C'est ce qui arrive à Samuel, un employé de bureau qui vient de fêter dans une bien triste solitude ses 35 ans et qui se retrouve en contact avec un mystérieux enfant qui n'est autre que lui-même. Rien de tel qu'une bonne conversation téléphonique entre l'enfance et l'âge adulte pour redonner un petit coup de fouet à sa vie ou se préparer à son avenir.

Avec Quelqu'un à qui parler, le dessinateur Gregory Panaccione (Chrono Squad, Cabot-caboche, Un océan d'amour ) nous livre un album subtil, drôle et touchant sur le désir de reprendre sa vie en main à travers un échange fantastique, entre deux temps et deux esprits différents. Lorsque l'espoir et la promesse côtoie la résilience et la morosité. Adapté du roman eponyme de Cyril Massaroto, Quelq'un à qui parler est un album qui risque d'en parler à plus d'un. Gregory Panaccione touche du pinceau les regrets , ces rêves oubliés de l'enfance et nous fait partager allégrement un regard attendrissant sur le fait de mener sa vie comme on l'entend, sur le changement et la prise de conscience.

Sur le fond, il est vrai que ce message est un peu cliché et est presque comparable à celui d'un énième feel good-book ou d'un quelconque essai de développement personnel. On ne compte plus les nombreux titres plus ou moins ronron qui nous parle de réaliser ses rêves d'enfants, de changer sa vie... Quelqu'un à qui parler  est un album qui emprunte aisément ces sentiers battus avec cet optimise un peu grandiloquent...Mais à moins d'être blasé ou de n'avoir aucune sensibilité à ce sujet, je recommande chaudement  la dernière bd de Mr. Panaccione qui n'en demeure pas moins un petit livre de fraicheur et de candeur jouant avec nos cœurs et distribuant tour à tour un petit sourire, une petite larme ...  

C'est un titre qui fait tout simplement du bien , surtout en cette période des plus sinistres, un titre de fiction qui nous booste un peu tout en redonnant un petit d'espoir. C'est un sujet qui parlera allégrement aux quotidiens figés face auxquels  le dessin lumineux de Gregory Panaccione est capable de redonner aussitôt le sourire. 

Avec entrain et poésie, le dessinateur illustre ces tendres moments d'échanges entre l'enfance et l'âge adulte. Entre deux scènes de bureau, les appels téléphoniques évadent joliment ce récit et procure énormément de rythme à cette intrigue plongée dans une belle humanité et un délicat tourbillon d'émotions. Ainsi, notre personnage principal se retrouve aussi en lien avec un enfant qui ne sait pas encore qu'il devra prochainement faire le deuil de sa mère alors que l'enfant lui-même s'étonne du manque d'ambition de son futur lui. C'est un échange calqué sur les dialogues tout en justesse du romancier Cyril Massaroto et qui donne un bon rythme et une pointe de fantastique à cet album porté forcément par le style joyeux et fluide de Gregory Panaccione. Ainsi, les échanges téléphoniques ne sont jamais figés et, petit à petit, le dessinateur les met en scène dans des cadres agréables et reposants comme une ballade sur la plage, un jeu de grimpe autour d'un arbre.

Une véritable relation père/fils entre le présent et le passé qui procure beaucoup de chaleur à ce titre et évite l'ennui d'une conversation téléphonique loin d'être figé dans le temps.