Parodie d'Isekai chez des parents démons et déments

Ema Toyama est désormais une figure du catalogue shojo de Pika connue pour ses romances souvent légères et un peu affriolantes. Elle s'essaie ici pour la première fois au shonen avec un isekai, genre qui a le vent en poupe, mais elle n'oublie pas ses amours et son humour, ce qui donne un résultat détonnant.

Pour qui a déjà lu les autres oeuvres de l'autrice, on sait que ses histoires n'ont jamais rien de bien profond et que ce sont plutôt des récits légers et souvent assez drôles mâtinés de bons sentiments et d'un peu de piquants. Certains titres ont pu mettre mal à l'aise par leur morale borderline et leur vision de la femme tout sauf moderne. Mais étrangement, en reprenant les mêmes ingrédients ici, ce n'est pas du tout la même chose. Pourquoi ? Parce que nous sommes tout simplement dans une parodie du genre isekai.

Ce genre qui fait la part belle aux univers de jeux-vidéos permet à des héroïnes (le plus souvent) de se retrouver dans des univers d'héroïc-fantasy alors qu'elles viennent de notre réalité. Dans le cas présent, il s'agit d'Akari, une lycéenne fan de jeux-vidéos, qui a perdu sa mère il y a un an et qui vit seule. La famille qu'elle formait lui manque et elle rêve d'en trouver une nouvelle. Ni une, ni deux, son souhait est exaucé mais pas dans le monde qu'elle espérait.

Je me suis beaucoup amusée en suivant cette parodie made in Ema Toyama. C'était très drôle d'avoir une héroïne aussi naïve qu'Akari dans des situations totalement décalées. En effet, cette jeune fille vierge de 16 ans, se retrouve dans un monde de démons sanguinaires en guerre contre les humains. Ceux-ci ont besoin que leur roi ait des enfants afin que ceux-ci les aident à lutter contre les humains avec leurs pouvoirs dévastateurs. Et Akari est censée leur donner le jour.

C'est drôle parce que bien sûr tout est poussé à l'extrême. Akari avec ses images tirées des jeux vidéos imagine toujours le pire. Elle se retrouve dans une chambre sale et effrayante avec le Roi démon pensant se faire violer, mais c'est tout autrement qu'elle va concevoir leur premier enfant. L'autrice s'en donne à coeur joie, jouant sur les clichés du genre pour notre plus grand plaisir. Puis commence une nouvelle vie, celle de parent et là aussi, le décalage entre la réalité et le monde des démons est savoureux, que ce soit avec une enfant qui grandit trop vite, ne mange pas la même chose, ou avec des éléments propres à la vie de tout parent comme le manque de sommeil. On se régale en s'amusant des déboires d'Akari. 

Cependant comme on peut le comprendre, il y a également un message sous-jacent sur la difficulté d'être parent, de partager la charge mentale dans un couple, de s'occuper d'un enfant, d'être prêt à tout sacrifier pour lui. C'est touchant.

La partie romance, elle, est amusante également mais j'ai le sentiment que l'autrice va vouloir se prendre un peu trop au sérieux avec elle et qu'elle ne va pas pousser la parodie aussi loin que sur le reste et c'est dommage. Parce que du coup, les sentiments naissants qu'on voit entre Akari et le Roi démon font un peu culcul, tout comme leurs passés respectifs avec une mère qui s'est sacrifiée à chaque fois. On a à nouveau un beau gosse qui va finir par la faire fantasmer et une gentille fille qui va le faire craquer par ses attentions. Bof. Je préfère la parodie assumée et décalée du reste.

Les dessins, eux, sont à l'aune de l'ambiance voulue, totalement provocateurs mais doux également. On a les gros clichés du genre avec un roi en grosse armure à plaques et cornes de démons, une subalterne avec une armure plus que minimaliste rappelant la grande époque des pulp où les filles étaient à moitié nue sur les couvertures... La parodie fonctionne à fond. Cependant, on a aussi plein de choupitude avec le premier enfant du couple qui est juste adorable dès qu'elle pointe le bout de son nez, avec le trait très rond et lumineux de l'autrice. 

En bref

Comme le titre le promettait, Le roi-démon et moi et nos 10 enfants, se promet d'être une lecture divertissante tout sauf prise de tête, qui s'amuse des clichés du genre des jeux-vidéo d'héroïc-fantasy et de l'isekai. L'autrice m'a beaucoup amusée avec le décalage qu'elle a créé et poussé assez loin. Je suis plus sceptique par son traitement trop sérieux et maladroit de la romance que la rend culcul.

7
Positif

Une parodie assumée

Beaucoup d'humour et de décalage

Un univers drôle et savoureux

Des situations rocambolesques à la pelle

Un bon sens du rythme avec une histoire qui avance rapidement

Negatif

Une romance qui se prend trop au sérieux

Des relents de personnages et histoires trop fleur bleue dans le mauvais sens du terme

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