« Quand on est triste, il faut regarder la beauté du monde »

Les cœurs de ferrailles raconte l’histoire d’Iséa. Une jeune écolière qui est en train de regarder une scène du film de Cyrano de Bergerac sur un écran futuriste. S’isolant par la même occasion de ses camarades, elle n’a d’ailleurs qu’une amie, Tal qu’elle a rencontré sur les réseaux et qu’elle ne voit que par écran interposé. On est dans un monde rétro futuriste, où les robots font partie du quotidien. Iséa n’est d’ailleurs heureuse que chez elle quand elle retrouve son robot-nounou Debry. Un nom pas très glorieux, donné par la mère d’Iséa, une mère absente, qui ne s’occupe pas vraiment de sa fille. Iséa ne passe son temps qu’avec Debry ou avec son amie Tal sur les réseaux. N’acceptant pas cette situation pour sa fille, sa mère décide du jour au lendemain de se débarrasser du robot. En apprenant la nouvelle, Iséa décide de fuguer pour partir à la recherche de sa nounou. Essayant de la retenir, Tal décide finalement de l’accompagner et lui donne rendez-vous sous le pont de Tearcrossing. Constatant la disparation de sa fille, la mère d’Iséa fait appel à la police et engage un robot limier à sa recherche, et du côté du pont Iséa a une grande surprise, elle voit arriver un camarade de classe Tilio à la place de Tal.

Les cœurs de ferrailles c’est déjà un trait bien connu dans l’univers BD. On reconnait le trait si particulier de José Luis Munuera et ça met tout de suite dans l’ambiance. Avec un trait si poétique, l’aventure d’Iséa ne pouvait mieux démarrer. Et même avant de lire l’album, je savais déjà que j’allais adorer la lecture. J’ai beaucoup pensé au Campbell mais surtout à Sortilèges tout au long de ma lecture. Notamment avec la couverture et ce jaune assez reconnaissable.

Le monde rétro futuriste proposé par les deux auteurs est assez original. Les humains vivent entourés de serviteurs robots, ils servent à tout. Pâtissiers, nounous, jardiniers ou encore policiers, ils sont partout. Un côté un peu historique aussi finalement, le décor ressemble beaucoup aux Etats-Unis en pleine période d’esclavage. D’ailleurs l’album fait également allusion à Tulsa, on pense fortement au massacre de Tulsa en 1921. Ça crée un mélange assez mélancolique plein de poésie.

Les personnages sont assez peu nombreux. Iséa une jeune fille seule, isolée qui n’a aucun camarade dans son école et surtout qui subit l’autorité de sa mère qui la méprise complètement. Heureusement elle trouve refuge avec Debry. Et puis cette passion pour Cyrano qui lui va si bien. Lui qui ne s’accepte pas parce qu’il se trouve laid et elle qui se trouve Bizarre. Elle se reconnait beaucoup dans ce personnage. Et puis son Ami Tal qui apporte aussi un peu de bonheur et de joie va beaucoup la surprendre et nous surprendre.

Le scénario apporte beaucoup de rebondissements, quelques fois plutôt joyeux et par moments assez cruel, surtout cette révélation finale. L’histoire est bien écrite, les thèmes abordés très pertinents, les personnages bien développés, les décors assez somptueux.

Au final, les cœurs de ferraille, Debry, Cyrano et moi, si il est précisé tome 1 sur l’album, se lit comme un one-shot. Un bel album plein de poésie dans un univers atypique très marquant et surtout avec des dessins que personnellement j’adore. Une superbe lecture.