La voleuse, l'interprète et la diva

La production d'opium prend peu à peu de l'ampleur mais pour Isamu et Lihua, il est déjà temps de déplacer leur production face aux menaces de la police militaire japonaise et surtout suite à l'intervention d'un tueur à la solde du Qing Bang mettant ainsi en péril la vie de la soeur et de la frère d'Isamu.

Le périple vers la conquête de l'opium ne fait que commencer..

Ce tome 2, relativement plus soft en terme de violence ( même si on relève ici et là quelques scènes de cruautés) , met surtout l'accent sur la formation de l'équipe qui va entourer le jeune Isamu et la charismatique Lihua. Nous découvrons donc deux nouveaux personnages rejoignant l'équipe.

D'abord, une jeune japonaise, vendeuse d'opium dans la rue et exploitée sans scrupules par la Quing Bang. Un petit être fragile qui possède cependant un talent rare et précieux : une mémoire eidétique ce qui lui donne de véritables talents d'observations. Ce personnage apporte une grande valeur à notre équipe sans compter qu'elle incarne parfaitement la figure de l'innocence piégé dans ce monde du crime. De quoi promettre un véritable attachement par la suite.

Puis nous rencontrons un interprète mongol un peu obsédé mais qui possède un certain talent pour le combat en plus de ses compétences de polyglotte. Ce personnage est d'ailleurs présenté dans une séquence très intéressante du manga qui nous emmène à côtoyer le fier peuple mongol dont quelques nomades vont servir de gardes du corps à la nouvelle plantation d'opium.

Ces échanges tendues avec les mongols est assez réussi. Encore une fois, on ne peut pas rester de marbre devant le dessin brut et expressif de Shikako qui nous régale avec cette galerie de visages patibulaires transperçant les pages et on notera un certain soin apporté au réalisme de cette rencontre par le scénariste Tsukasa Monma. Savez-vous par exemple que lorsqu'on marche par inadvertance sur le pied d'un mongol, il faut aussitôt lui serrer la main sinon cela peut être considéré comme une déclaration de guerre ? Ce tome 2 me l'a appris à travers cet échange remarquable entre nos trafiquants d'opium et les guerriers mongols. Un bon point toujours pour le background immersif et bien traité de l'intrigue. 

Même si ce tome demeure plus soft, un certain suspense se dégage toujours de l'intrigue comme en témoigne le chapitre du train tout en tension qui permet d'afficher les talents de nos deux nouveaux alliés. Les dernières pages introduisent également un nouveau personnage, plus mondain, montrant par ailleurs une autre facette de la société chinoise en Mandchourie à travers le monde du spectacle. 

Nous pouvons peut-être reprocher à ce second opus d'aller un peu vite en besogne et de manquer de danger par rapport à l'opus précédent. Ainsi, l'introduction du barbier-assassin est vite expédiée tandis que le trafic d'opium devient rapidement ambitieux mais dans le même temps, cela donne aussi du rythme à l'intrigue et permet d'avoir une vision plus importance des enjeux de ce trafic qui ne se limite à aucun partie. Ainsi, on appréciera particulièrement ce groupe d'antihéros aux origines diverses qui se dressent à la fois contre l'armée japonaise et le syndicat du crime chinois. Isamu, Lihua et leur entourage font vraiment office d'outsiders et c'est toujours un régal que d'assister à leur ascension surtout avec la présence de nouveaux personnages des plus prometteurs.