Le temps des larmes...

Dans le dixième numéro de la revue Marvel Mega, Panini a publié Incredible Hulk #463 à 467 (avril à juillet 1998), les cinq derniers numéros de la longue prestation de Peter David sur le titre (il avait débuté au #331 en 1987). La première moitié du sommaire reste assez inégale, à l'image du travail de PAD depuis quelques années. Dans les #463 et 464, le scénariste règle la question de Armageddon, le chef de la race extraterrestre des Troyens, toujours décidé à venger la mort de son fils survenue pendant la Guerre de Troie. Par extension, Peter David ramène aussi des personnages secondaires qu'il utilisait moins, les habitants de Freehold, le sanctuaire du Leader. 

Malgré quelques bonnes touches humoristiques (qui impliquent notamment la fille de Bill Clinton), la résolution de cette sous-intrigue de longue date n'a pas le même impact que les épisodes dessinés quelques années plus tôt par Gary Frank. La fin est décevante et même si j'aime beaucoup le grand Joe Kubert, qui donnait régulièrement un coup de main à ses fistons, il fait ici un peu office d'"erreur de casting"...ses pages manquent de puissance, tout comme sa représentation du Titan vert.. 

Le #465, faiblement dessiné par David Brewer, ressemble à une grosse mise au point, une façon de ranger les jouets avant de démarrer une nouvelle période. Et en fait, Peter David ne comptait pas quitter le titre. Il mène le lecteur sur une fausse piste, fait croire que tout va aller bien pour Bruce Banner...avant de lui infliger un grand coup avec la vision finale d'une Betty au corps ravagé par les radiations. C'était une décision de la responsable éditoriale Bobby Chase, afin d'emmener le bouquin dans une autre direction (et toucher au personnage préféré de sa femme ne gênait plus un PAD fraîchement divorcé). 

Seulement voilà, Peter David était contre les plans que Marvel avait pour Hulk. Comme il voyait bien que personne n'avait envie de l'écouter, il a préféré claquer la porte. Et avant cela, PAD a signé deux de ses plus beaux épisodes, illustrés par un Adam Kubert particulièrement inspiré. Le #466 décrit les efforts désespérés de Banner pour sauver sa femme, en alternance avec le récit de la vie de Betty sous la forme de la lecture de son autobiographie par son amie Marlo Chandler. Très bien écrit et déchirant....

Le #467 se déroule judicieusement dans un futur possible. Comme David se doutait bien que le(s) scénariste(s) suivant(s) allaient suivre leur propre direction, il en a profité pour poser un regard fort sur la façon dont Banner gère son deuil. Le tout est raconté par un Rick Jones vieillissant, qui peut passer pour l'alter-ego de l'auteur tant les mots des dernières pages prennent une résonnance particulière. Et quelles belles nuances dans les dessins, avec un travail sur les ombres de toute beauté....

Un superbe épisode qui a mis un point final à ce run de 12 ans...mais entre Hulk et Peter David, ce n'était pas encore tout à fait terminé...