La dernière chasse...

Araignée ! Araignée qui luit dans les forêts de la nuit...quelle main immortelle a modelé ton effroyable symétrie ? 

La Dernière Chasse de Kraven débute dans l'ombre...dans l'antre d'un chasseur usé, plus psychologiquement que physiquement, qui a décidé d'en finir avec la vie mais pas avant d'avoir mené une dernière chasse. La pluie qui s'abat sur New York au même moment reflète également l'état d'esprit de Spider-Man et des personnages qui l'entourent et ce n'est pas une coïncidence si la première scène avec le héros tourne autour d'une veillée funèbre. 

La Dernière Chasse de Kraven se termine dans la lumière. Un soulagement après la tension accumulée, des sourires revenus sur les visages, un couple réuni. Même si le soleil revient, J.M. DeMatteis et Mike Zeck bouclent la boucle avec un autre enterrement, une autre tombe creusée dans une suite de cases construites en parallèle à ces passages presque identiques qui ouvrent le récit. 

Entre les deux, il y a la descente aux enfers d'un héros, son symbolique retour à la vie pour affronter une image déformée de lui-même, le chasseur personnifiant sa proie pour prouver son absolue supériorité. Une créature pathétique assurera, s'il en était besoin, la différence entre les deux tandis que l'amour entre Peter Parker et Mary Jane Watson sera comme un rayon de lumière dans ces ténèbres environnantes.

Crossover impeccablement orchestré entre les trois séries mensuelles Spider-Man de l'époque, La Dernière Chasse de Kraven reste, trente-cinq ans après sa sortie, l'un des arcs narratifs les plus importants de la carrière de l'homme araignée...l'ensemble est très bien construit, avec un suspense prenant et une narration hypnotique qui fait un usage réussi de la voix-off. Graphiquement, Mike Zeck livrait là l'une de ses meilleures prestations, une collaboration idéale avec Bob McLeod à l'encrage. 

La comparaison n'est pas à l'avantage de Shawn McManus (je ne déteste pas mais je trouve que les expressions faciales sont notamment un peu trop exagérées), à la partie graphique d'un annual ajouté en bonus par Panini à la fin de cet album. Avec Kraven se met en chasse, J.M. DeMatteis revisitait la première apparition historique du Chasseur créé par Stan Lee et Steve Ditko en tenant compte de tout ce qui avait été ajouté depuis, dans une entreprise de rétro-continuité tout de même assez anecdotique malgré les qualités de l'écriture.