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Critique de APOSIMZ

par GuieA_7 le dim. 16 oct. 2022

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Abandonnez les codes

Si Nihei a depuis longtemps laissé tomber le côté complètement cryptique de Blame!, ses œuvres suivantes restent bien éloignées du gros de la production, tant sur la forme, les univers ou la narration, et c'est toujours le cas pour Aposimz.

L'univers de l'auteur est encore une fois très singulier. On se situe sur une planète artificielle, entretenue par ce qui apparaît être des robots (mais certaines parties sont comestibles par les humains, par exemple) qui font un peu office de faune ; les humains, bien qu'ayant accès à de la technologie avancée par bien des aspects, vivent souvent plutôt comme au Moyen-Age. Un exemple qui me semble bien illustrer ce contraste est la fabrication d'armes ou d'outils rudimentaires avec des morceaux de megastructure, une matière quasi-indestructible inventée par l'auteur, que l'on retrouve dans plusieurs de ses mangas, et qui semble héritée d'une technologie ancienne et oubliée (elle tient ici un rôle important au final , mais je n'en dis pas plus). On retrouve d'ailleurs d'autres éléments inventés par l'auteur et présents dans d'autres œuvres (amnios, particules de Heigs) ; s'agit-il d'un même univers ou d'une mythologie propre ? On ne sait pas trop, et c'est très bien comme ça.

En ce qui concerne le visuel, c'est sûr que l'auteur ne doit pas faire l'unanimité. Les graphismes peuvent apparaître comme brouillon, mais ils servent pourtant très bien les univers très "sales" du mangaka, où rien n'est droit, où la frontière entre l'organique et le mécanique est toujours très floue, où tout semble vieux, abîmé et chargé d'histoire. Cet univers à la saveur post-apocalyptique va permettre la mise en place d'une ambiance dépaysante, où les protagonistes traversent tantôt des plaines immenses, avec au loin des îlots de civilisation ou des troupeaux d'autruches cyborgs, tantôt des coursives étroites envahies par des câbles, des tuyaux, des scarabées mécaniques, et évoquant plus des grottes d'heroic fantasy qu'autre chose. L'auteur passe son temps à jouer avec les proportions (l'immense côtoie le minuscule) et les volumes (les espaces vides opposés aux espaces surchargés) rendant son univers à la fois inquiétant et fascinant. Si l'idée de voir les héros voyager sur le dos d'un cloporte automate géant vous réjouit vous devriez apprécier l'expérience (cette phrase devrait faire fuir les gens à qui ce manga n'est pas destiné haha).

Si l'histoire est dans le fond plutôt simple et classique si on prend du recul (on se retrouve plus ou moins avec un héros doté de pouvoirs hors norme, qui part sauver le monde et affronte d'autres détenteurs de pouvoirs), la narration elle très singulière. Nihei ne cesse de jouer avec les codes établis et les attentes du lecteur. Je ne vais pas détailler, cela gâcherait votre surprise, mais voici quelques exemples vagues. L'auteur ne va pas hésiter à prendre quelques pages pour raconter l'histoire de personnages qu'au final les héros vont juste croiser et qu'on ne verra plus jamais (ce qui surprend d'un coté, et rend l'univers tangible). Ou bien certains affrontements qu'on attend cruciaux seront expédiés (la mort est dure et rapide dans Aposimz la plupart du temps) voire éludés, et d'autres évènements d'apparence anodins vont s'avérer être des tournants importants dans l'histoire.

En résumé, Nihei Tsutomu arrive encore une fois à faire les choses à sa sauce sur tous les plans ; une œuvre adulte clairement pas faite pour tout le monde (le visuel est clivant et les évènements souvent funestes), mais qui ceux qui sont friands d’œuvre hors-norme n'ont pas vraiment de raison de ne pas se laisser tenter par cette histoire qui malgré tout ce qu'elle raconte tient en seulement 9 tomes.

En bref

Un univers original qu'on pourrait qualifier de post-apocalyptique bio-mécanique porté par un visuel singulier, une histoire dense à la narration surprenante, Aposimz est une œuvre prenante, souvent dure, parfois même cruelle, teintée d'une certaine mélancolie mais pourtant chargée d'espoir. Une aventure épique qui ne devrait pas laisser indifférents celles & ceux qui se laisseront entraîner.

10
Positif

L'univers & l'ambiance unique.

La narration surprenante.

Ni trop court, ni trop long.

Negatif

Trigger warning #1: il faut aimer les bestioles bizarres.

Trigger warning #2: ça meurt beaucoup, de façon sale.

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