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Critique de Le meilleur des mondes

par Le Doc le dim. 30 oct. 2022 Staff

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Tous les événements sont enchaînés dans le meilleur des mondes possibles...

Oh, wonder! How many goodly creatures are there here! How beauteous mankind is! O brave new world, that has such people in ‘t!

Si la traduction française du titre évoque le Candide de Voltaire, le titre original du roman de Aldous Huxley fait quant à lui référence à La Tempête de William Shakespeare, l'ironie de cette citation convenant idéalement à la description de ce futur dystopique. Je précise que je n'ai jamais lu Le Meilleur des Mondes. Je connais juste le roman par son titre et son auteur que de nom...cela fait donc partie de mes lacunes et je ne peux donc juger de la fidélité au livre. Mais si j'en crois le résumé trouvé sur le net, le britannique Fred Fordham (qui s'est occupé à la fois du scénario, des dessins et des couleurs de cet album de 240 pages) a tenu à coller au plus près aux thèmes et aux développements de l'oeuvre de son compatriote disparu en 1963.

Le Meilleur des Mondes a été publié en 1932 et son propos reste toujours aussi fort 90 ans plus tard. Aldous Huxley a imaginé une société organisée comme une chaîne de montage de Henry Ford, devenu d'ailleurs une figure messianique. Ce lieu où la consommation est reine est organisé avec une précision mécanique : production de masse, homogénéité (obtenue par eugénisme), une prévisibilité qui passe par le rejet de tout ce qui se comporte ou émet une opinion différente. La première partie de la bande dessinée, environ 100 pages, s'attarde sur la description du quotidien millimétré de la hiérarchie de l'Etat Mondial, entièrement tournée vers le travail et la recherche de plaisirs, sexe et paradis artificiels, qui évitent de trop penser. Les détails du conditionnement subi par les futurs membres des castes donnent lieu à quelques scènes assez glaçantes...

Et puis vient l'élément perturbateur...un "sauvage" né à l'extérieur de la cité, dans des réserves primitives où les habitants vivent comme avant le grand changement, se reproduisant naturellement par exemple. Ce qu'ils trouvent fascinent et horrifient à la fois les visiteurs pour qui ce mode de vie se rapproche de ceux des animaux. Mais John est différent, sa mère faisait d'ailleurs partie du " meilleur des mondes" avant de devoir vivre hors de ses murs, et il a envie de découvrir l'endroit d'où elle vient. Un voyage qui bouleversera sa vie, à tous les niveaux...

Il y a une certaine froideur dans le travail visuel de Fred Fordham ce qui n'est pas un défaut en soi car je trouve que l'approche est bien adaptée à ce futur déprimant, qui cache la perte de son humanité sous un vernis de décadence et  une bonne dose d'hypocrisie de la part de sa classe dirigeante. L'optimisme ne règne pas et après une explication certes verbeuse mais très éclairante, le récit fait une économie de mots pour se diriger inéluctablement vers un final d'une grande noirceur...

En bref

Comme je l'ai souligné plus haut, je n'ai toujours pas lu "Le Meilleur des Mondes" et cette adaptation qui ne manque pas de qualités m'a aussi donné envie de donner sa chance au texte original. Une lecture dense, dans un album disponible depuis peu chez Philéas, éditeur que je découvre pour l'occasion (après une petite recherche, ils se sont lancés dans la publication de bandes dessinées il y a tout juste deux ans)...

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