Standardisation, consommation, jouissance.

Quand j’étais au lycée, la littérature avec un grand L pour les L justement, c’était 1984, L’écume des jours et Le meilleur des mondes alors adapter Le meilleur des mondes c’est un peu adapter un monument pour moi. Et comme pour un film, ça passe ou ça casse, il y a rarement d’entre deux. Et là, vraiment, j’adore.

J’aime tout dans cette version de Fred Fordham : les personnages d’abord, standardisés, peu variés, avec des regards vides et des paroles, dictées par la propagande, plus vides encore ; les couleurs de cette vie morne où même la nature est lissée, les couleurs de la transe, de la drogue avec des effets de calques éthérés très réussis. J’aime bien sûr cette description de la société basée sur la consommation des biens et des corps jusqu’à la rupture avec les émotions ; j’aime l’irruption du sauvage qui va gripper les rouages d’un fonctionnement social standardisé comme dans les usines de Ford, le dieu des dieux.

Adapter Le meilleur des mondes en BD était un pari risqué. Les questionnements de l’œuvre d’Aldous Huxley sur un monde hédoniste, contrôlé, consommateur et standardisé retrouvent une nouvelle fraicheur sous la plume et le trait de Fred Fordham : les couleurs éthérées sont magnifiques ! Pari réussi pour cette adaptation d’un monument de la littérature d’anticipation. A lire, à relire, à avoir dans sa bibliothèque.