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Critique de La Septième fonction du langage

par ginevra le jeu. 17 nov. 2022 Staff

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Un livre étonnant où caricature et connaissance se mêlent

Roland Barthes a-t-il été assassiné ou a-t-il été victime d'un accident de la route standard? C'est l'objet de l'enquête du commissaire Jacques Bayard qui entraîne dans son sillage un jeune sémiologue, Simon Herzog. En effet, il a besoin d'une personne compétente capable de déchiffrer pour lui les arcanes du langage d'un certain milieu d'intellectuels.

Les auteurs Xavier Bétaucourt et Olivier Perret ont adapté le roman de Laurent Binet Ils se sont amusé à apparaître plusieurs fois dans l'album en commentant l'action sans intervenir vraiment… après tout, Xavier Bétaucourt connaissait forcément le scénario puisqu'il l'a écrit.

Cela donne un livre très drôle où intellectuels et/ou politiques des années 1980 sont plus ou moins gentiment caricaturés. Il est amusant pour les gens de ma génération d'essayer de reconnaître les célébrités traversant le livre, mais les moins de 40 ans risquent de ne pas pouvoir le faire… mais les auteurs ont eu la gentillesse de mettre une double page de portraits en fin d'album.

Je reconnais bien humblement qu'il y a beaucoup de ces grands personnages que je ne connaissais absolument pas, surtout les grands universitaires oeuvrant dans la linguistique ou la sémiologie ("Science qui étudie les systèmes de signes (langage et autres systèmes)" d'après Le Robert). Donc, j'ai découvert les 6 fonctions du langage (les vraies) sachant que la fameuse septième fonction est quasiment magique puisqu'elle permet d'influencer ceux qui l'entendent pour les faire agir comme le veut celui qui l'utilise (normal puisque 7 est le chiffre magique par excellence).

J'ai beaucoup aimé les réunions du Logos Club qui m'ont évoqué les concours d'improvisation avec un sujet donné à deux jouteurs ou deux équipes avec un temps minimal de préparation. Et aussi, un jeu auquel j'avais eu l'occasion d'assister pendant mon adolescence : mettre deux personnes face à face avec chacune un sujet à traiter (si possible un sujet qu'elles ignorent totalement). J'ai souvenir d'un sportif devant expliquer comment on tricotait un pull face à une littéraire qui devait disserter sur les règles du rugby. Mais dans l'album, le challenger met en jeu des phalanges de ses doigts s'il perd devant celui dont il veut prendre la place!

Les dessins d'Olivier Perret sont très sympathiques et la colorisation de Paul Bona les éclaire. Les personnages sont expressifs et les décors réalistes. Concernant les auteurs, je remercie Steinkis pour sa page "Des mêmes auteurs" car c'est très rare de voir les coloristes cités dans ce type de pages. Le plus souvent seuls les dessinateurs et/ou scénaristes y sont présentés.

Au final, cela donne un livre (d)étonnant avec un mélange de meurtres au parapluie bulgare, de doigts coupés, de conférences plus ou moins savantes (souvent interrompues par les auteurs parce que pas adéquates en BD), de joutes oratoires… et de beaucoup de péripéties.

À tenter par les lecteurs curieux.

En bref

C'est un album complètement fou où les péripéties s'enchaînent à une cadence infernale (comme dans le roman je suppose). C'est une caricature pas toujours gentille des intellectuels des années 1980, mais c'est tellement plaisant de les voir un peu ridicules. L'air de rien, j'y ai découvert des notions plutôt ardues mais je crains de ne les oublier bien vite. Un album sympathique et drôle, mais qui demande pas mal d'attention pour suivre l'action.

7
Positif

Dessins gentiment caricaturaux réussis

Colorisation adaptée

Scénario très drôle et, sans doute, fidèle au roman

Negatif

Le langage utilisé n'est pas toujours évident

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