Jason est un maître du nonsense... Attention à ne pas s'y perdre.
D'habitude, j'apprécie les albums de Jason, mais j'avoue que celui-ci ne l'a fait qu'à moitié.
Certaines des nouvelles de l'album m'ont semblées trop obscures ou trop surréalistes pour que j'y adhère vraiment. En particulier, celle qui ouvre le livre : "Femme, homme, oiseau". Le choix d'un récit en phrases sans conclusions de "Perec, détective privé" m'a aussi décontenancée, "Le prisonnier dans le château" fait de Franz Kafka le héros d'un épisode de la série "Le Prisonnier" dont je n'ai pas vraiment compris la fin. "Qui viendra à bout de l'araignée?" m'a laissé perplexe avec son côté enfantin d'exagération dans l'élimination d'une araignée dans la chambre d'un enfant et une fin bizarre. Je n'ai pas compris la fin de "Il est passé par E.C.", crime parfait vengé par un fantôme ou fantasme? "From outer space" où il n'y a aucun lien entre les images et les textes, mais je crois que c'est une sorte d'évocation du film "Plan 9 from outer space" d'Ed Woods (je me rappelle peu de ce film). "Etc." est un joyeux fourre-tout où je n'ai pas tout compris.
Mais d'autres nouvelles m'ont amusée. "Je me souviens" avec sa remontée dans le temps à travers les âges. "Vampyros Dyslexicos" pour la survie de la vampire Carmilla au cours des siècles. "Sceau VII" qui est basé sur le film de Bergman "Le 7e sceau" où la mort s'adresse à l'acteur Max von Sydow et pas au personnage qu'il joue. "Ionesco" est une plongée dans l'absurde bien en relation avec les œuvres de l'écrivain et où tout tourne autour d'une banane. "Qu'est-ce qui rime avec Giallo?" est un récit noir (et jaune, seule couleur). "Contretemps dans la ville lumière" est une satire de "Star Trek" où Spock se réfugie en 1925 à Paris sous le nom de Foujita pour peindre des chats… et les caresser. "Un million d'années avant J.C." ironise sur le film du même titre avec un chasseur surarmé venu du futur tué par un javelot primitif. "Il repassera par là" est un hommage à la SF avec des explorateurs rajeunissant sur un monde lointain.
Je reconnais n'avoir jamais lu "Crime et Châtiment" et cela m'a sans doute empêché de comprendre bien la nouvelle du même titre. De même pour la nouvelle "Ulysse" qui m'a semblée reliée au roman de Joyce, mais j'ai aimé la façon de supprimer certaines actions en les remplaçant par une case noire avec un titre disant ce qui se passe comme "scène de sexe" ou "explosion".
Mais j'aime toujours autant les graphismes apparemment simples de Jason avec ses personnages aux yeux sans pupilles et aux têtes animalières. Et je suis admirative de sa culture en littérature, cinéma, musique… Et j'admire profondément le travail de traduction réalisé par Christophe Gouveia Roberto car il a dû être difficile.
Un album qui demande à être lu à petites doses sous peine de saturation de nonsense dont Jason est un maître.
En bref
Un album de nouvelles qui demande à être lu à petites doses. Le maître de l'absurde qu'est Jason s'appuie sur ses connaissances en littérature, cinéma, musique… pour mieux les détourner et nous entraîner dans de délirantes aventures.
Positif
dessins clairs
N&B avec un peu de couleurs pour 2 des 17 nouvelles
Negatif
parfois un peu trop surréaliste
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