Admirer la concurrence

La découverte du monde de la danse de compétition se poursuit mais également, et peut-être encore plus, celle de ce duo / couple atypique formé par un danseur de standard et un danseur latino. Vivifiant !

Je prends beaucoup de plaisir à suivre la série sur les deux tableaux. Le fait que l'autrice casse son moule de répétitions dans ce tome pour nous entraîner comme spectateur d'une compétition internationale permet de raviver notre intérêt et de porter notre regard ailleurs. On découvre ainsi l'importance d'avoir un bon carnet d'adresse. On assiste aussi à la rivalité entre les différents couples, aux histoires de coeur et de jalousie des uns et des autres, et on peut admirer les compétiteurs en pleine action dans de belles tenues en plus ! Alors même si le trait de l'autrice a un petit côté figé comme si elle prenait ses personnages en photo tandis qu'il prenne la pause, c'est un ravissement pour les yeux ! 

Mais surtout, quel bonheur de voir se creuser la relation entre les deux Shinya. Je regrette juste un peu que l'on n'entende que la voix de celui qui aime la danse car je pense que l'auteur a un potentiel très intéressant entre ses histoires de coeur et de famille passées qu'on entraperçoit ici, ainsi que les avances qu'il lui fait. Au final, ce n'est pas lui dont on entend la voix mais c'est lui qui twiste l'histoire.

L'autrice joue toujours avec ravissement sur leurs oppositions fondamentales, mais elle adoucit peu à peu tout cela. La preuve avec Suzuki qui tombe peu à peu, sans le vouloir, sous le charme du sérieux et flegmatique Sugiki. C'est adorable de le voir commencer à se poser des questions sur ses sentiments et leur relation. Sugiki, lui, montre plus ouvertement son intérêt pour lui sur tous les plans et j'aime autant qu'il l'apprécie en tant que danseur, qu'il commence à lui tourner autour en tant qu'homme, ce montrant assez libre de ce côté-là. L'autrice ne nous enferme pas, effectivement, dans une romance homosexuelle mais suggère plutôt une bisexualité rafraîchissante ici.

Reste que la lacune du tome 1 sont parfois encore présente. Bien qu'on parle des partenaires de nos héros, celles-ci restent énormément en retrait. D'ailleurs un échange entre Sugiki et son ancienne professeure est assez symptomatique de la chose. Elle appuie sur le fait que ce dernier se met trop en avant au détriment de sa partenaire qu'il est censé faire briller, et c'est totalement ça ! 

Je prends cependant beaucoup de plaisir à admirer ces deux jeunes hommes danser car il y a vraiment quelque chose entre eux, une osmose, une réalisation, une complétude, qui est belle à voir. On sent leurs corps s'attirer inéluctablement et parfaitement s'imbriquer. Du coup, quand surgit la question de la danse en compétition d'un couple d'hommes, je l'ai trouvée très juste et j'espère qu'elle sera à nouveau abordée plus tard.