Melon et cohabitation

Regarder un mélo à la télé tout en lisant Le goût du melon d'Etsuko, c'était la combinaison parfaite pour soigner mon coeur un peu meurtri ce soir-là. Alors venez vous aussi découvrir la poignante histoire des deux âmes en peine que sont Nakajo et Kiuchi.

Premier titre de l'autrice chez nous et premier titre depuis que celle-ci a changé de style, dixit ses blablas sur les rabats, Le goût du melon est un diptyque doux-amer où les couvertures rendent à merveille l'ambiance mélancolique et mature du titre.

Etsuko nous emmène à la rencontre de Nakajo et Kiuchi, deux jeunes hommes aux boulots et vies précaires, qui se retrouve à cohabiter un peu par hasard alors que l'un vient de se faire larguer par sa copine chez qui il habitait. Un nouveau quotidien à deux est à réinventer tandis qu'ils pansent également leurs blessures mutuelles.

J'ai d'abord été déstabilisée par la mélancolie morose du titre et les dessins assez sobre de l'autrice n'ont pas aidé, ni la qualité d'impression ou des planches originelles passées à l'éditeur fr, je ne sais pas. En tout cas, le rendu flou de l'ensemble ne m'a pas aidé à me projeter. C'était triste, c'était mou.

Mais j'ai aimé, petit à petit, voir poindre une douce lumière au milieu de cela. Les deux jeunes hommes sont des écorchés de la vie. L'autrice nous fait découvrir avec finesse sans se presser leur passé qui les a cabossé chacun d'une manière différente : l'un rejeté par sa famille, l'autre par sa passion, aucun ne pouvant combler seul ses manques et guérir pour avancer. On comprend bien leur morosité dans la vie et leur tendance à se laisser porter sans rien dire ou faire.

Du coup, la tendresse qui va naître peu à peu entre eux de manière totalement inattendue m'est allée droit au coeur. Elle est faite de petits gestes de rien du tout, des gestes de réconfort du quotidien, qui font oublier jusqu'au sexe, genre et âge des héros. Ils veulent juste rendre l'autre heureux, l'aider à aller mieux, à se sentir à l'aise et surmonter sa peine ou ses troubles anxieux. C'est fait avec délicatesse et une émotion juste et simple.

Les thèmes eux sont classiques : rejet de l'homosexualité, difficulté à trouver quelqu'un, perte de quelque chose de cher, état dépressif. Mais il se dégage quelque chose de vraiment émouvant du travail d'Etsuko pour les mettre en lumière. Ça donne envie de la suivre.