De cohabitation forcée à cohabitation choisie

Ce diptyque est vraiment comme son titre étrange et sucré, avec un goût surprenant qui finit par marquer en bouche !

Après un premier tome prometteur mais étrange, je ne savais pas trop quoi attendre de cette suite. Je ne suis pas déçue ! Etsuko y développe avec des trésors d'émotion et de retenue des thèmes forts et poignants qui prennent aux tripes.

Il y avait depuis le début quelque chose de singulier entre Nakajo et Kiuchi, une force qui le entraînait malgré eux l'un vers l'autre sans qu'ils puissent rien y faire. De la gentillesse de Nakajo à l'amertume de vivre de Kiuchi, chacun est un peu le reflet de l'autre et c'est ainsi qu'ils vont se trouver peu à peu et non pas se guérir mais soulager la peine l'un de l'autre.

Ce titre est vraiment empreint d'une sourde mélancolie, c'est de la vie, car la vie n'a rien de simple à être vécue justement. Elle peut être lumineuse pour certains comme sombre, morose et douloureuse pour les autres. On peut avoir un grand sourire de façade et souffrir énormément à l'intérieur. C'est ce que l'autrice nous fait découvrir avec le poignant portrait de Nakajo.

Au début, on a l'impression que c'est Kiuchi qui est à plaindre avec ses parents qui n'acceptent pas sa sexualité et sa solitude. Mais au final, on découvre que derrière la façade joviale de cet homme à femmes, qui aime aussi réconforter les autres, c'est Nakajo qui va le plue mal. J'ai trouvé que l'autrice faisait preuve de beaucoup de sensibilité et de finesse pour nous amener à comprendre ce qui n'allait pas chez lui, ce qui le rongeait. Ce fut poignant et terriblement réaliste, avec des mots qui donnent juste et trouve écho chez tous ceux qui connaissent ou ont connu ça.

La relation entre les deux héros prend ainsi encore plus de sens dans ce second volume où on voit naître petit à petit leurs sentiments. De sexe de réconfort, on passe peu à peu à un besoin d'être avec l'autre pour se sentir bien et au désir de se faire plaisir en plus de faire plaisir à l'autre, afin que ce soit mutuel. C'était terriblement émouvant. Jamais de voyeurisme ici, toujours beaucoup de précaution et d'attention à l'autre, cela s'en ressent dans les dessins et la mise en scène. L'autrice a ce ton doux-amer légèrement humoristique et grinçant avec eux qui me plaît tant. Elle me touche.

J'ai ainsi été émue par le parcours de vie de ce duo, leur rencontre, leur trouvaille, leur avenir imaginé. Ce n'est pas simple. L'autrice montre bien qu'il n'existe pas une voie unique, que celle qu'on pense être la bonne parce que c'est celle de la majorité ne convient pas à tous. J'ai vraiment beaucoup aimé sa bienveillance pour évoquer les troubles mentaux de Nakajo mais également les fragilités sentimentales de Kiuchi. Cela a fait mouche.