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Critique de Les Tortues Ninja - TMNT Reborn #1

par Ben-Wawe le mar. 22 août 2023 Staff

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Une Renaissance d’une très grande sensibilité, qui relance les Tortues dans un contexte riche avec une approche intense et juste

L’éditeur HiComics fait l’actualité en cette fin d’’été 2023 avec une nouvelle collection qui fait directement suite à l’un de ses grands succès. Les Tortues Ninja – TMNT Reborn débute en effet sa publication avec un Tome 1 : Renaissance, qui est plus qu’un procédé commercial mais bien une bonne idée pour la série.
HiComics publie depuis plusieurs années les productions liées aux célèbres Tortues Ninja, et notamment tout l’univers lancé par l’éditeur américain IDW Publishing depuis 2011. La série principale est la plus longue de toutes les versions de la franchise, et continue encore, avec plusieurs titres dérivés dans un ensemble très cohérent et prenant.
Les scénaristes Tom Waltz et Kevin Eastman (l’un des deux co-créateurs originaux des Tortues en 1984, avec Peter Laird) ont dirigé la série jusqu’au n°100 et un sommet dantesque réunissant plusieurs intrigues et personnages. Ils laissent la main à partir du n°101 à l’artiste complète Sophie Campbell, qui écrit autant qu’elle dessine la série.

Ce sont les n°101 à 105 qui sont proposés dans Les Tortues Ninja – TMNT Reborn Tome 1 : Renaissance, HiComics faisant le choix d’un redémarrage avec une nouvelle équipe créative après le tout cohérent des dix-neuf tomes du précédent volume (diffusé en Intégrale depuis l’été 2023 également).
Une décision pertinente au vu de l’intrigue qui redémarre, de l’approche qui diffère, mais aussi d’un marché où les n°1 vendent mieux que des n°20.

Que se passe-t-il ainsi dans Les Tortues Ninja – TMNT Reborn Tome 1 : Renaissance ?
On y voit les conséquences de la terrible saga New York, Ville en Guerre, qui a bouleversé les Tortues et leur monde, aux bases bien connues. L’on retrouve en effet dans ces histoires les quatre Tortues et Splinter, leur Senseï initialement connu comme Hamato Yoshi avant d’être tué par le Clan Foot avec ses fils. Tous furent réincarnés en animaux testés par le scientifique Baxter Stockman, allié en secret au terrible Krang. Les quatre tortues et le rat sont touchés par du Mutagène, qui les transforme en formes humanoïdes. Le reste appartient à la légende.
Au début de cette relance, cependant, tout a changé. Splinter est mort : il s’est sacrifié pour stopper les ennemis des Tortues et de New York. Old Hob, lui aussi transformé par le Mutagène, connu comme Mutanimal et ennemi des Tortues malgré des alliances de fortune, libère ce même Mutagène dans la ville. Une partie de la population est désormais transformée, et les autorités dirigées par le Maire Baxter Stockman isolent une zone entière derrière d’épais murs.
Les survivants du Clan Foot sont dirigés par Karai, petite-fille du défunt Shredder. La ville n’est cependant pas sûre, car les Mutanimaux d’Old Hob instaurent un fonctionnement mafieux. Quelques-uns tentent de bien agir, comme Alopex qui créé un recueil ouvert à tous ou même Sally Pride, bras droit d’Old Hob plus digne que lui. Et les Tortues… sont absentes.
La mort de Splinter a brisé le groupe. Raphaël erre en justicier isolé, ne s’occupant plus que de Pepperoni, petit dinosaure adorable qui incarne son lien avec autrui. Les autres se sont isolés dans une petite maison de Northampton. Michelangelo ne sourit plus et s’occupe uniquement d’un petit chat nommé Klunk. Leonardo a perdu toute envie et se reconvertit en jardinier. Donatello tente de porter sa famille, mais se perd.
Seule reste debout Jennika, dite Jenny, la surprenante cinquième Tortue. Elle est une ancienne membre Foot transformée par sa rencontre avec Splinter. Véritable apprentie de celui-ci sur la fin, elle sort un temps avec Casey Jones mais est blessée mortellement par Karai. Leonardo lui transfuse son sang, et elle devient une Mutanimale sous forme tortue. Jenny est la dernière à rester forte et digne, et est au cœur de ce premier tome, en créant le lien entre Northampton et New York, et en aboutissant aux réunions tant attendues…

On le comprend, l’autrice Sophie Campbell (qui a déjà dessiné les Tortues et réalisé plusieurs productions indépendantes comme Jem and the Holograms ou Wet Moon) relance l’univers avec une orientation pleine d’émotions. Elle prend un temps certain et légitime pour dresser un bilan global, acter la position de chacun, et surtout révéler l’ampleur des chocs et changements subis.
La ville de New York a été transformée, et sa population ne s’en remet pas. C’est visible avec les Mutanimaux, perdus dans leur camp à ciel ouvert au cœur de la Grosse Pomme, mais aussi avec April O’Neil. L’alliée des Tortues et scientifique erre comme une âme en peine, son appartement jonché d’ordures et de vêtements sales.
La disparition des ennemis classiques des Tortues créé un vide global, que des petites frappes comblent avec violence et méchanceté basse. La ville reste dangereuse, et surtout trouble ; perdue, définitivement.

Cependant, c’est bien l’idée du deuil qui domine le récit, sacrifiant l’action pour l’émotion. La perte de Splinter est un choc pour tous les personnages, chacun souffrant différemment, chacun vivant de manière éloignée une des étapes du deuil.
Raphaël rejette tous ceux qui l’approchent, Michelangelo est amorphe, Leonardo est dans la fuite. Donatello subit l’ensemble et est repoussé par tous les autres, tandis que Jenny est la seule à essayer d’aller de l’avant et d’incarner les valeurs de Splinter.

Sophie Campbell a l’intelligence de bien caractériser les réactions des personnages, sans cependant trop en faire, et sans non plus poser des réactions extrêmes ; pas de crise inutile ou d’esclandre lourde. Les étapes du deuil précitées sont présentes mais ne sont pas trop soulignées, car cela devient quand même une forme d’habitude dans de tels récits.
L’on remarque alors une approche globale juste et pleine d’émotions, avec très peu d’action mais une gestion très pertinente des personnages. C’est surtout la grande justesse de ceux-ci que l’on peut noter, et qui rend l’ensemble très agréable, avec notamment des liens bienvenus et surprenants entre personnages, comme Apolex et Raphaël.

La scénariste offre des moments justes et touchants à chaque personnage, se concentrant néanmoins sur Jenny. Celle-ci incarne le renouveau, la Renaissance du titre, et au fond le monde nouveau qui se déploie devant les Tortues après la mort de Splinter.
L’on peut aussi se dire que Jenny intervient comme moyen d’accès à la franchise par Sophie Campbell, nouvelle maîtresse des lieux qui peut ainsi « s’approcher » des Tortues et des autres personnages, pour mieux les appréhender, s’en emparer et les amener à elle. Une gestion pertinente.

Graphiquement, Sophie Campbell a un style agréable à l’œil. Avec des planches claires, très lisibles et fluides, elle donne une touche pertinente à des personnages bien croqués. Il faut avouer qu’il est parfois difficile de reconnaître les Tortues lors de certains éclairages, notamment un concert où leurs différences de peau ne sont pas visibles. Mais cela reste un détail, dans une prestation très réussie.
Sophie Campbell créé en effet un graphisme très doux et intimiste, qui dénote la grande sensibilité de l’ensemble. Une nouvelle forme de justesse dans l’approche.

Enfin, un mot pour dire que, même s’il est mieux d’avoir lu les tomes antérieurs, Les Tortues Ninja – TMNT Reborn Tome 1 : Renaissance peut se laisser découvrir par des novices. Les bases des Tortues sont demandées, mais un nouveau venu réussira à s’y retrouver et à apprécier l’ensemble. Notamment grâce au bon travail d’édition de HiComics, qui livre des bonus bienvenus pour comprendre le passé et les personnages… même si l’on aurait préféré cela en début de tome plutôt qu’à la fin !

En bref

La Renaissance des Tortues Ninja chez HiComics est une réussite. Lisible autant par les habités que par les novices, ce Tome 1 offre un grand plaisir de lecture, sans beaucoup d’action mais avec une gestion très fine du deuil et des émotions. Le message positif permet d’en sortir avec le sourire, au sein d’un volume bien dessiné et bien édité. Une justesse totale remarquable.

9
Positif

Une gestion très juste des personnages et des émotions.

Une grande finesse dans l’approche du deuil.

Un ensemble très prenant et fluide, très facile à prendre en main.

Negatif

Les bonus qui aident à comprendre… hélas placés à la fin, dommage.

Un graphisme un tout petit confus à de rares moments sur les Tortues.

L’envie de lire la suite, vite !

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