Taguer pour exister

Urban comics profitait du mois de juillet pour mettre en avant un des grands auteurs du moment dans son format Un mois - un auteur et ce mois-ci c’est Ram V qui était à l’honneur. C’est difficile de passer à côté de ce scénariste en ce moment tant il est prolifique et ce dans différents styles. Je ne peux que vous conseiller These savage shores qui reste ce que j’ai préféré de lui ou encore Toutes les morts de Laila Starr pour ce qui est de l’indépendant. Côté super-héros, j’avoue avoir été moins séduit par ses passages chez Marvel même si son run sur Carnage se laisse lire mais ce qu’il produit chez DC me parle beaucoup plus, notamment son Aquaman - Andromeda qui présente le personnage sous un nouvel angle, plus mythologique avec une ambiance parfois lovecraftienne. Nous avons eu le plaisir de le rencontrer et une interview sera d’ailleurs bientôt disponible sur le site !

Durant ce mois de juillet 2023 sont donc sortis plusieurs titres de l’auteur, dont un indépendant : Graffity’s wall.
Comme à son habitude dans ses titres indépendants et de par ses origines, Ram V nous fait découvrir l’Inde mais cette fois-ci d'un nouvel angle : depuis un bidonville de Mumbaï (Bombay). Mais on ne tombe pourtant ni dans le cliché ni dans le sensationnel grâce à la poésie qui caractérise le style bien particulier de Ram V. Il nous partage la vie d’un petit groupe de jeunes qui évoluent malgré eux dans cet environnement compliqué avec des hauts et des bas mais qui savent rester des rêveurs et artistes.

Ce qui m’a le plus bloqué, c’est le trait de Anand RK qui est vraiment très particulier. Je ne connaissais pas l’artiste mais ça m’a fait pensé à certains dessinateurs de chez Fluides Glacial, en moins glauque évidemment. Gêné par les proportions et le trait en général, j’ai par contre beaucoup apprécié le dynamisme qui peut ressortir des planches. 
Le travail des couleurs est vraiment fou. Je me demandais pourquoi c’était si coloré et je suis donc allé voir des photos des bidonvilles de Bombay et j’ai compris le choix du coloriste ! Forcément, c’est exagéré pour bien appuyer l’ambiance et marquer le clivage entre le paysage et la dureté de la vie là-bas mais cela met encore plus en avant le côté poétique cette fois-ci de façon visuelle.

J’ai beaucoup apprécié la lecture de cet album qui nous plonge dans la vie de jeunes gens vivant dans un bidonville de Bombay même si je préfère quand l’auteur inclut plus de fantastique dans ses récits.

Edité chez nous par Urban, j’ai beaucoup apprécié le parti-pris de laisser des mots et expressions en indien avec le lexique à la fin mais il aurait été intéressant qu’ils ressortent un peu plus pour qu’on sache quand aller en fin d’album trouver la définition ou mettre ce lexique sur un volet ouvert durant toute la lecture car on passe notre temps à s’y référer pour comprendre les différentes insultes qu’ils peuvent se lancer (mais j’ai trouvé ça vraiment fun).