Quand magie et religion s'opposent

Dans un monde qui évoque fortement le XIXe siècle côté soumission des femmes et même le Moyen-Âge pour la mise à l'écart des païens avec un regret de ne pas les brûler comme cela se fait ailleurs, Cléa tombe amoureuse d'un magicien. Un vrai magicien, pas un simple comédien comme elle l'avait cru d'abord. Mais Pierrot s'absente souvent sans dire où il va et elle s'en inquiète de plus en plus malgré les cours de magie qu'il lui donne.

Les personnages sont plutôt intéressants bien qu'évoquant divers personnages de la littérature comme Merlin et ses absences fréquentes et apprenant la magie à Viviane. Une des sorcières évoque irrésistiblement Baba Yaga dont elle a la même cabane sur pattes de poule. Le fiancé Berthier se lance dans une quête chevaleresque pour délivrer Cléa et rencontre une petite fée. Mais Cléa n'est pas une quelconque victime supplémentaire du charmeur Pierrot et elle va se rebeller. La fin m'a plus évoquée le film "Masques de cire" ou "Le fantôme de l'opéra", avec un petit côté vampirique en plus par l'élixir de larmes qui permet de rajeunir.

Les dessins de Jim Bishop sont toujours aussi beaux et je trouve ses personnages moins figés que dans ses précédentes œuvres. Je regrette juste un peu une colorisation un peu trop éclatante à mon gré. Certaines expressions des visages sont un peu outrées peut-être par une influence des mangas? J'ai beaucoup aimé le chat-hibou Schrödinger qui s'avère au fil de l'album beaucoup moins gentil qu'on ne le croyait.

Un album réussi qui fait plonger dans le monde de la magie… Il faudrait rappeler à Jim Bishop qu'il fut une époque où toutes les femmes étaient suspectées d'être des sorcières!