Île paradisiaque et quête de liberté
Retrouvailles musicales avec la loufoque famille Otogami sous le signe de l’amour de la musique et de l’acquisition de la liberté de ses choix. Etrange, singulier, avec des dessins très particuliers, mais lumineux.
J’ai retrouvé avec plaisir les aventures de Lucky et ses frères et soeurs dans ce tome centré sur Mimin, l’une des plus originales du lot avec ses fées et arbres tordues. Totalement sous la coupe de son père, elle y étouffe, elle qui a un style bien plus original. Nous allons donc suivre son cheminement jusqu’à l’indépendance avec l’aide de son frère et d’une amie.
Mais rien n’est aussi simple avec Mapollo et l’aventure qu’elle nous propose n’a rien de classique. Son amie, Meloli, qu’elle rêve de sauver est également sa première rivale et pas une gentille rivale, mais une rivale jalouse qui cherche à la faire décrocher de la musique et est prête à tout pour ça. J’ai beaucoup aimé suivre cette anti-héroïne démoniaque qui se sert de la musique classique pour dégoûter son adversaire et la faire abandonner, avant de regretter d’avoir gagné ainsi. C’est tordu à souhait mais très chouette.
De la même façon, Lucky s’en mêle et cherche à aider sa soeur avec ce qui le rend original : sa musique qui transcende les gens avec les images qu’elle leur offre et c’est encore une fois une réussite. Avec L’Isle Joyeuse de Debussy, il revisite encore le genre et offre une interprétation très personnelle et audacieuse, qui saura toucher sa cible : sa soeur, et secouer encore une fois le public, interrogeant sur l’intérêt des interprétations classiques vs les interprétations originales cassant les codes.
Enfin, l’autrice n’oublie pas non plus la dimension familiale de son oeuvre, nous faisant rencontrer deux autres frères de Lucky, les impliquant dans sa vie, les confrontant avec le cas de leur mère. Ils semblent tout aussi originaux que les précédents mais on demande encore à les voir en action. Et pour l’instant, on est quand même dans un mélo familial hyper surréaliste, cliché, improbable, avec ce père toxique, cette mère malade et ses frères et soeurs tellement individualistes. Mais étrangement, ça fonctionne quand même, on a envie de les voir renouer, de voir leur génie en oeuvre tous ensemble et de voir se recréer une forme de famille.
En bref
Oeuvre vraiment particulière aussi bien dans ses dessins que son ton surréaliste, PPPPP est un titre qui ne peut être que clivant. On aime ou on déteste le grain de folie et le surjeu de Mapollo 3. J’ai eu du mal avec les dessins en reprenant ma lecture ici, mais l’histoire sur fond de quête de liberté vis-à-vis d’une famille oppressive est vraiment prenante dans tous les sens du terme. J’ai donc envie de voir comment cette famille de musicien va sortir de sa névrose collective !
Positif
Une oeuvre à forte personnalité
Un ton résolument loufoque
Un décalage qui peut séduire
Un personnage en quête de liberté face à une famille toxique
L'arrivée d'autres frères de Lucky
Des phases musicales oniriques et émouvantes
Negatif
Des dessins particuliers et clivant
Une intrigue surréaliste
Des personnages improbables
Laissez un commentaire
Commentaires (0)