Echapper à la dure réalité

Il y a pleins de titres qui se ressemblent dans les romances MxM d'Hana Collection, et puis il y a celles plus âpres qui sortent du lot. C'était le cas du roadtrip Home Far Away, c'est à nouveau le cas avec Escape from the everyday.

Deuxième titre relié de l'autrice seulement et pourtant quelle belle maîtrise déjà dans la narration et surtout l'émotion, sans parler des dessins et de la joliesse de son héros. Ito Agata frappe fort avec cette seconde série à nous parvenir après Un nom, pour nous deux, une romance interdite plus classique entre deux frères par alliance se retrouvant des années après la séparation de leurs parents. L'histoire était déjà dérangeante, elle l'est à nouveau dans cette relation en huis clos entre un lycéen et un adulte.

Tout commence alors qu'Hajime, fils parfait, bon élève, gentil, malléable et héritier d'une riche famille, tombe sur Hirose, un vagabond qui squatte un appartement sur le point d'être détruit, mais aide le chat perdu du premier. Très seul, isolé, Hajime trouve en lui une oreille attentive et tisse une relation étrange avec ce "seul" ami. Mais il ne sait rien de lui, de qui il est et pourtant il est là. 

La solitude d'Hajime, c'est vraiment l'atout charme de ce titre. La façon dont Ito Agata peint l'isolement de ce garçon, abandonné par tous parce qu'ils le croient différents, peut-être avantagé, est poignante. Elle se glisse à merveille dans sa peau et sa tête, nous permettant de comprendre la fascination qu'il va ressentir pour cet adulte qui lui accorde de l'importance sans contrepartie, ce qu'il ne connaît par ailleurs.

Cependant, malgré la beauté et l'émotion procuraient par ce personnage, on ne peut occulter que c'est une relation bancale, maladroite, qui met mal à l'aide. Est-ce normal pour un adulte de s'intéresser ainsi à un adolescent désoeuvré ? L'aider oui. Avoir des sentiments pour lui, non. On dirait qu'Hirose le prend d'abord en pitié, tel un chien perdu, mais petit à petit quelque chose d'autre nait et met mal à l'aise, en tout cas chez moi. Je peux comprendre la naissance de cet attachement, j'accroche moins à son expression, dessinée dans les ultimes pages d'une manière crue qui m'a dérangée. Je n'aime pas trop qu'on insiste et joue à ce point sur la candeur de ce jeune homme.