Un drame maritime atroce!

Une réinterprétation de l'histoire vraie du naufrage du Batavia en 1629. Les personnages historiques ont été repris dans des versions un peu décalées semble-t-il, mais plutôt efficacement. Une histoire où l'argent, le mépris de la vie des pauvres matelots ou immigrants et la soif de pouvoir règnent.

Les faits historiques concernant le naufrage du Batavia sont avérés et des vestiges ont été découverts. Xavier Dorison les a adaptés à sa vision de ce monde : dur et implacable. Grâce à lui j'ai découvert ce qu'était un subrécargue. Son introduction est très intéressante et place bien le contexte de son scénario. Les personnages semblent bien coller avec ce que j'ai pu découvrir via des articles trouvé sur internet… j'ai même appris qu'il existe un opéra composé sur ce drame par un musicien australien.

J'ai eu un peu de mal à savoir quel personnage s'exprimait en "voix off" même s'il semble que ce soit toujours Cornélius quand les cases prennent l'aspect d'un parchemin. À noter une erreur dans le supplice infligé au marin : ce n'est pas une garcette (qui est un bout de cordage) mais un chat à neuf queues qui est utilisé… un horrible instrument de torture!

Je regrette juste qu'il ait décidé de renommer le Batavia en Jakarta pour la cohérence avec nos cartes actuelles. Je trouve cela un peu méprisant pour les lecteurs : nous sommes capables de nous replacer dans un contexte historique. On n'imagine pas Goscinny écrivant Paris au lieu de Lutèce ou Rennes pour Condate ou Marseille pour Massilia. Dans "Le Tour de Gaule", les noms historiques sont utilisés avec juste un nota de bas de case pour indiquer quelle ville contemporaine est visitée.

Le plan permettant de réviser la disposition des lieux d'un trois-mâts est bienvenu pour pouvoir savoir où l'on est à certains moments de l'histoire. Thimothée Montaigne va faire vivre ce plan de superbe façon au fur et à mesure que l'histoire avance. Ses personnages sont bien campés, beaux pour certains, et expressifs. Les marins ont des trognes dures qui sont sans doute proches de la réalité vu les "gibiers de potence" qu'ils sont. La belle colorisation de Clara Tessier illumine certaines scènes.

Je regrette un peu le format choisi par Glénat : 25 x 34 cm. Difficile à ranger dans les étagères aux standards actuels et un peu encombrant à lire dans un fauteuil ou dans son lit! Mais quelle belle reliure aux détails dorés!

Un beau 1e tome. J'attends la suite avec impatience. Merci à ma bibliothèque pour cette découverte.