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Critique de Les futurs de Liu Cixin #15

par ginevra le lun. 13 nov. 2023 Staff

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Le tome final d'une série un peu inégale

En 2030, 80 millions de personnes du monde entier sont mis en cryogénisation dans une structure souterraine pouvant défier le temps par sa solidité. La terre mourant, ces personnes vont traverser le temps jusqu'à ce qu'ils trouvent une période favorable pour faire renaître l'humanité. Un ambassadeur de 36 ans est nommé pour être l'interlocuteur des humains du futur… Mais ils n'ont droit qu'à 4 réveils.

La base est classique et les divers réveils le sont aussi. Le 1e au bout de 100 ans montre une guerre entre les 2 hémisphères terrestres et une tentative de récupération des migrants pour avantager le nord, mais les migrants s'en sortent. Après 500 années de plus, les migrants ne sont pas les bienvenus et sont accueillis par une créature virtuelle qui leur explique qu'ils seront parqués dans une réserve où ils seront isolés des humains "évolués". Cette fois-ci, 1000 années sont ajoutées et les migrants débarquent dans un monde où sévissent des tempêtes de cristaux destructrices et où les humains vivent dans des univers virtuels qu'ils se sont créés et où ils ont les pouvoirs qu'ils veulent. Mais ils attaquent les migrants venus les rencontrer avec d'énormes robots. Le seul salut est dans la continuation du voyage temporel jusqu'à son extrême limite : 10000 ans plus tard. C'est le dernier réveil possible, mais c'est le bon; la nature s'est régénérée et la totalité des migrants va pouvoir enfin s'épanouir.

Liu Cixin est sans doute trop optimiste en pensant que l'humanité peut s'unir autour d'un tel projet. Mais c'est fréquent en SF. On peut imaginer qu'il n'y a plus de guerres au départ des migrants puisqu'il se retrouve au milieu d'un conflit pour leur 1e arrêt. Conflit Nord-Sud hélas plus réaliste qu'un voyage dans le temps. Je trouve surprenant que les humains n'évoluent pas physiquement au cours du temps. Il me semble que les biologistes ont imaginé des évolutions dans la physiologie et même dans l'ossature en relation avec des travaux moins durs qu'autrefois. Mais il n'imagine pas une humanité accueillante puisque, lors du 2e réveil, les "barbares" migrants ne méritent que d'être parqués loin de tout contact : de quoi rappeler les réserves du livre "Le meilleur des mondes" d'Aldous Huxley.

Le 3e réveil évoque les problèmes de certains "geeks" très actuels qui jouent avec des vies infinies ou facilement récupérables. De quoi oublier le respect de la vie via un enfermement dans le virtuel qui m'a rappelé le 1e album de Valérian où l'humanité passe son temps dans des machines à rêves ("Les mauvais rêves" - https://www.sanctuary.fr/objet/190398/)

Le 4e réveil permet aux migrants d'accéder à une Terre idyllique mais qui me semble totalement improbable : de l'herbe, des arbres verts, un air pur… Et une statue de l'ambassadeur faite par leur contact du réveil 10000 ans plus tôt qui est restée intacte sans qu'il y ait eu d'érosion éolienne ou pluviale de la roche?? Il est évoqué 5 continents mais quelle sera l'image de la terre dans 11600 ans avec l'action de la dérive des continents. D'ailleurs l'emplacement de la "capsule" de migration devra être soigneusement étudié pour ne pas être détruite par ces mouvements. Bon d'accord, je rationalise sans doute un peu trop.

Je fais parfaitement confiance à Sylvain Runberg pour avoir respecté la nouvelle originale. Mais, en revanche, j'ai un reproche à faire à Serge Pellé : une représentation de l'humanité (80 millions de personnes!) sans un seul personnage noir ou métis… on ne voit que des asiatiques ou des peaux blanches. Une ambassade vers le futur excluant la moitié de l'humanité me semble scandaleuse. Ses engins ou robots et ses paysages sont superbes. Les personnages sont expressifs.

Enfin, un énorme reproche à l'éditeur Delcourt : l'inversion des pages 17 et 22 est d'autant plus inadmissible que les planches sont parfaitement notées (18 pour la page 17 et 15 pour la page 22). Ce sont les 2 pages qui entourent la plage triple à déplier. Au prix actuel des bandes dessinées, les lecteurs et lectrices sont en droit d'attendre plus de soin à la relecture.

Cette nouvelle m'a rappelé une courte histoire de Frédéric Brown dans le recueil "Lune de miel en Enfer" où le dernier couple de vampires fuit dans le temps mais qui est reconnue à chaque arrêt quand ils font face aux habitants de la planète (même quand les chiens évolués ont remplacés les humains). Au bout des réserves de leur engin, ils trouvent enfin des habitants ne connaissant pas les vampires mais qui sont une évolution de végétaux : les navets… donc sans sang consommable par les vampires.

Pas le meilleur opus de la série mais une lecture agréable par son optimisme final.

En bref

Dernier tome de la série qui n'est pas le meilleur à mon goût et, en plus, gâché par une inversion de pages. Mais cette série m'a donné envie de découvrir d'autres nouvelles de Liu Cixin… mais non dessinées cette fois-ci.

6
Positif

adaptation que je suppose fidèle

dessins très réussis

personnages expressifs

Negatif

une humanité composé uniquement d'asiatiques ou de personnes à peaux blanches

inversion de 2 pages

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