Le premier qui dit la vérité ….

On est d’abord attiré par la couverture, invitation au voyage et à l’aventure vers un ailleurs lointain, avec ces dromadaires près des dunes, au bord de l’eau, tandis que, dans le ciel, des avions de guerre amènent un sentiment de crainte. La double page 52 et 54 nous montrera ensuite qu’il ne s’agit pas de la mer mais du Nil ; Mais quelle beauté depuis les oiseaux jusqu’au ciel rougeoyant au coucher. Le format aussi, très grand, laisse supposer une édition riche et de qualité ; Et c’est le cas.

Les premières pages, aux dessins précis et plein de douceur, aux éclairages travaillés et aux couleurs atténuées, complètent l’attirance et démarrent de belle manière le voyage. Car c’est bien d’un voyage dont il s’agit, dans l’espace d’abord, du Vatican jusqu’en Bavière, de la Libye au Liban, puis à Jérusalem. Dans le temps aussi, depuis l’antiquité et la controverse de deux historiens juifs, vers 66 après JC, jusqu’au destin croisé de trois personnages entre 1936 et 1942.

Le premier, Alexandre, qui, dans un premier temps, pense avoir perdu sa femme dans un accident de voiture, pour découvrir ensuite qu’il s’agit d’un assassinat dont il voudra se venger. Esther ensuite, une musicienne juive allemande, qui doit fuir son pays, arrive en Palestine, et qui devient espionne pour les Russes, pensant ainsi pouvoir encore sauver sa famille restée en Allemagne. Bilal enfin, jeune arable que son jeune frère extrémiste a convaincu de la nécessité de tuer pour obtenir un pays et la paix.

A l’heure ou je rédige ces lignes, cette terre est toujours une zone de conflit, chacun s’en disputant les droits et la propriété, en versant le sang des innocents.

Cette BD est un enchantement tant au scénario qu’au dessin. Un objet d’art et de réflexion, sur la vérité, ceux qui la défendent et ceux qui la travestissent, au travers du destin de femmes et d’hommes ballotés au gré de situations qui les dépassent.