Environnement toxique

Lorsque j'avais été au festival America, il y a près de deux années maintenant, on avait posé la question à des romanciers américains ce qu'ils pensaient du Black Lives Matter. Rapidement, dès l'ouverture du débat, ils ont mis en avant le fait que ce mouvement était encore bien vivant aujourd'hui, et qu'il fallait être vigilant concernant les droits des citoyens noirs américains demain, et, ça passait par les forces de la Police.

Ce livre a été conçu aux prémices de ce mouvement. Il a donc été difficile de le sortir en état. Avec le recul, je pense que Joe Kelly + Ken Niimura ont eu tout à fait raison. On peut le lire dans les nombreux bonus composant la fin de ce comic book, le symbole « + » est important aux yeux du dessinateur qui a vraiment travaillé en conversant incessamment avec le scénariste de Deadpool ou de, « I kill the giants », leur précédente œuvre en commun.

Cependant, c'est une histoire plus personnelle pour Joe. Cet environnement toxique pendant son enfance ou son adolescence est lié à son père, un flic. Beaucoup plus à l'aise dans son métier que dans le fait de changer les couches, d'ailleurs. Encore plus quand la bêtise des hommes vient tout le temps gâcher son bonheur au foyer. Il jure, il se protège psychologiquement, jusqu'à devenir une chose du système, et, ce dernier lui rend bien.

Facile de mettre dans le même sac les racistes, les homophobes ou encore, ailleurs, les tueurs d'enfants. Mais il est plus difficile de faire l'effort de les comprendre, de faire preuve d'empathie, allant à l'encontre de nos propres valeurs. Ce livre arrive à mettre sur ses rails, le lecteur, et c'est une chose incroyable en soi. Le road trip, l'enquête, les dessins de Monsieur Niimura et de ses collègues sont des avantages indéniables. Le tout est millimétré, que ça soit dans les vues cinématographiques, ou dans les différents dialogues que j'ai parfois repris tant ils étaient succulents.

« Et si ça ne fait pas l'affaire, il me reste toujours mon flingue. »