Orage et désespoir
Les auteurs auront eu pitié des lecteurs, puisqu’au lieu des huit ans qui séparaient les précédents tomes, ce deuxième du diptyque arrive deux ans après le premier. Outre la cohérence graphique entre les deux et le retour du détective dans sa ville qui ne dort jamais, on peut, en relisant les premiers tomes, constater l’évolution remarquable du dessin. Juanjo Guardino touche le sommet de son art. Les cases de foules semblent prendre vie sous nos yeux, depuis le premier jusqu’à l’arrière-plan. Les contours plus épais et plus délimités des personnages facilitent la lecture et accentuent le rythme du récit. Les couleurs évitent les tons vifs pour s’en tenir aux pastels qui nous plongent dans l’Amérique de l’époque et la scène du bar en page 23 en est un excellent exemple. La couleur explose aux tournants du récit, celui du combat sur le pont de bateau, où, dans un ciel crépusculaire à plus d’un titre, les oranges rougeoient.
En deux tomes, les auteurs ont pris le temps d’installer une chronique sociale et sociétale, tendue sur le fil d’une enquête policière, jusqu’à un final glaçant en apothéose. L’accès et le maintien au pouvoir, sous toutes ses formes, politique, syndicale, ou de mégalomane voulant laisser une trace monumentale dans l’histoire, est ainsi décrit au travers de ce qui n’est plus une fable animalière mais un récit critique des ressorts de nos sociétés.
Avec Blacksad les auteurs ont créé dans le temps une œuvre unique dans laquelle on ressent leur symbiose. Derrière le polar animalier, c’est une analyse profonde et sans concession du monde, dans l’écrin de la ville de New York qui nous est donné à lire et à voir. Chapeau messieurs.
En bref
Avec Blacksad les auteurs ont créé dans le temps une œuvre unique dans laquelle on ressent leur symbiose. Derrière le polar animalier, c’est une analyse profonde et sans concession du monde, dans l’écrin de la ville de New York qui nous est donné à lire et à voir. Chapeau messieurs.
Positif
Un dessin superbe qui porte un histoire en deux tomes étonnante jusqu'au bout.
Negatif
La durée parfois entre deux tomes
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