Quand la soif d’aventures transforme le monde

Comme son titre l’indique Don Quichotte de la Manche est une adaptation du célèbre roman de Cervantès. Don Quichotte, c’est le plus grand fou d’Espagne, celui qui nous fait nous sentir normal et qui nous fait le regretter aussi, celui qui part à l’assaut des moulins à vent comme s’il s’agissait de monstres impitoyables. Le roman de Cervantès a eu tellement de succès que son mythe est entré dans le langage courant.

Cette BD en est une adaptation très réussie à plusieurs égards. D’abord, elle respecte vraiment l’œuvre d’origine, c’est drôle, caustique, tragique aussi. On prend énormément de plaisir à suivre ce personnage. Les auteurs se moquent du héros mais pas seulement, ils savent le rendre attachant de sincérité dans tout le ridicule de ses actes. Le point de vue du personnage est rendu par quelques planches en couleur (on y perçoit ses visions ). C’est très bien fait, comme une irruption de poésie dans la trivialité du monde : on voit en couleur ce que Don Quichotte perçoit quand la triste réalité est représentée en noir et blanc. Mais quels dessins ! Ils sont époustouflants. Chaque planche est une œuvre d’art. Les détails, les points de vue adoptés, le choix du découpage narratif laissant une large part aux illustrations pleine page : tout est parfaitement maîtrisé, tout est parfaitement réussi. C’est la première fois que je lis une BD de Paul et Gaëtan Brizzi mais cela m’a donné envie de lire aussi leur adaptation de L’Enfer de Dante. Ils ouvrent une porte de grande qualité vers des monuments de la littérature. Don Quichotte est donc presque une œuvre pédagogique, ça permet de se plonger dans ce grand roman même si on n’a pas envie de (re)lire le texte original, un peu à la manière des BD de littérature pour tous mais avec un très grand niveau.

Je le recommande sans réserve aux amoureux de littérature et d’œuvres d’art. C’est un très beau moment de lecture, de culture et on s’en met plein la vue.