Alors que la série arrive à la fin de sa publication chez nous, je profite d’une offre découverte à 3€ sur les deux premiers tomes pour me lancer dans cette saga de fantasy culinaire fort originale ma foi, sur laquelle je n’aurais pas parié autrefois, mais avec le succès de Frieren, ça change tout maintenant !

Terminé en 14 volumes au Japon, Gloutons & Dragons a révolutionné pour moi les titres d’aventures d’héroïc-fantasy d’inspiration RPG, avec une offre totalement différente et décalée : une aventure dans un donjon sous le prisme de la survie façon gueuleton de monstres. Il fallait oser ! Pendant longtemps, je n’ai pas osé me lancer, pensant que ce serait trop monotone et loin de ce que j’aime habituellement en fantasy, mais ayant évolué avec mon temps, j’ai de plus en plus les lectures cosy et celle-ci est un très bon compromis.

L’autrice Ryoko Kui, remarquée dès ses premiers récits courts, déjà plein d’humour doux-amer et de décalage comme ici, connaît un succès immédiate avec Gloutons & Dragons. Relecture hommage aux codes de l’héroïc fantasy sous l’angle gastronomique et humoristique, elle est couverte de prix et suscite un engouement que son éditeur japonais, n’avait pas connu depuis le phénomène Thermae Romae. Elle vient d’ailleurs d’être adaptée en série animée, ce que je sais que je testerais volontiers désormais.

J’ai en effet été convaincue par le format de l’oeuvre en dépit de mes craintes. En suivant cette bande classique de héros : chevalier + magicienne + voleur + nain, j’ai aimé aller à la rencontre de comment on pouvait survivre à une quête en se nourrissant de ce qu’il y avait sur place. Je me suis amusée de voir les recettes inventés par nos aventuriers avec ce qu’ils avaient sous la main et plus, se mettant tour à tour en avant pour préparer un des délicieux mets qu’ils prennent ensuite à concocter. C’est rigolo, c’est savoureux, c’est inattendu. Il y a de suite une forme d’attachement qui se crée entre eux et nous, du héros – chevalier qui cherche à sauver sa soeur et satisfaire sa curieuse fascination des monstres du donjon ; en passant par la magicienne craintive qui par principe déteste tout mais finit par tout aimer ; sans oublier le voleur hyper méticulieux qui ne veut pas que les boulets qu’il traîne gâche ses efforts ; ou bien sûr le cuistot de génie qui les rejoint et transforme chaque monstre en met succulent. Ils forment d’emblée un chouette groupe !

Alors certes, on sent que la quête de base va prendre des plombes et connaître bien des ramifications pas toujours utiles. Certes, on cherche aussi un peu la réelle aventure en dehors de la capture de la créature qui leur servira de déjeuner. Certes, il n’y a pas de tension narrative réelle, mais que c’est bon de suivre le train train de ce groupe, leurs gentilles chamailleries et leurs préparations des repas où chaque fois, l’un d’eux est mis en avant et où on retrouve des aliments connus des aficionados de la fantasy comme la mandragore, les chimères, les slimes et j’en passe, ou d’autres inédits comme ces espèces d’huîtres à armures. J’ai adoré l’originalité des plats derrière leur côté très chaleureux et cocooning. J’ai adoré l’ambiance très familiale qui se crée peu à peu dans le titre. C’est classique, c’est simple mais ô combien réussi et efficace.

Dans ce premier tome, ce sont pas moins de six aventures différentes que l’on suit dans les différents recoins de ce donjon qu’on commence à peine à explorer. Sur une base d’exploration un peu similaire à Made in Abyss où on plonge dans les recoins d’un lieu inconnu ou presque, l’autrice offre totalement autre chose. A l’image des dessins assez simple mais efficace, faisant bien le job pour rendre les plats appétissants, les créatures tour à tour repoussantes ou amusantes et les héros bon enfants et attachants, l’histoire est pleine de qualités humaines qui transparaissent dès ce premier tome lui aussi simple et efficace sans en faire trop.