Quelle nuit !

Parce qu'il avait besoin d'une petite pause à cause d'un souci de santé, Denny O'Neil a demandé à un ami, le romancier Harlan Ellison, d'écrire le #208 de Daredevil. Ellison avait déjà une petite expérience dans les comics puisqu'on retrouve son nom aux côtés de celui de Roy Thomas sur des épisodes de Avengers et Incredible Hulk et qu'il avait aussi écrit pour la revue Epic Illustrated. Pour son Daredevil, Harlan Ellison a collaboré avec son compère auteur et fan de comics, Arthur Byron Cover, pour être sur que son scénario s'intègre bien dans la continuité du titre même s'il s'agit là d'un numéro qui se suffit à lui-même. 

On peut même dire qu'il s'agit d'un fill-in...mais quel fill-in ! Daredevil connaît l'une des "nuits les plus mortelles" de sa vie lorsqu'il est attiré dans une maison en suivant une petite fille qui l'appelait à l'aide. DD se rend compte un peu tard que la gamine est en fait un robot bourré d'explosifs et il ne peut échapper au piège dans lequel il est tombé. L'Homme sans Peur doit alors traverser une série d'épreuves aussi bien physiques que mentales avant de découvrir l'identité de la personne responsable de ses tourments. Un scénario aussi classique que bien ficelé qui doit également beaucoup à l'excellente partie graphique signée David Mazzucchelli (sur lequel Harlan Ellison ne tarissait pas d'éloges), pleine de très bonnes idées visuelles, au découpage impeccable et dynamique...

Ce #208 a tellement plu au responsable éditorial qu'il a été suivi par une deuxième partie, Arthur Byron Cover s'occupant cette fois du scénario en solo sur une idée d'Ellison. Le #209 démarre sur les chapeaux de roue avec un Daredevil qui échappe à une explosion. Il arrête alors un fuyard qui se révèle être un ami d'enfance qu'il avait perdu de vue. Après un dîner qui tourne au fiasco avec Foggy et sa femme Debbie (devenue une véritable mégère avec les années), Matt est à nouveau poursuivi par les gamines robots explosives...

Même s'il n'a pas le même impact que l'épisode précédent, Daredevil #209 alterne efficacement entre ses deux intrigues, le suspense avec les bombes sur pattes (un danger qui n'empêche pas quelques notes légères) et les efforts de l'avocat aveugle pour aider sa vieille connaissance...un pauvre gars qui a raté sa vie et qui cherche la rédemption à travers un acte héroïque après avoir deviné (un peu trop facilement tout de même) le secret de Matt. Un mélange réussi d'action et de drame, toujours aussi bien servi aux dessins par le jeune Mazzucchelli (qui n'avait alors que 24 ans)...