8

Critique de Block 109 #1

par MassLunar le mar. 23 avril 2024 Staff

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Uchroniquement Génial !

14 ans plus tôt, paraissait chez Akileos, le premier tome d'un monde uchronique dans lequel les SS ont remporté la guerre,  où Hitler a cédé brutalement la place à Himmler créant par la même occasion un nouvel ordre politique ,  un monde où les allemands ont développé une technologie militaire d'appoint, armé de robots et de bombes thermonucléaires , un monde où les laboratoires secrets SS s'attèlent à créer un puissant sérum visant à transformer l'homme en surhomme, un monde où la guerre entre l'Allemagne et l'URSS est ensevelie dans un conflit qui dure depuis des années...

Retour en arrière avec ce premier tome autoconclusif de Block 109 signé Vincent Brugeas au scénario et Ronan Toulhoat.

Merci à Monsieur H, passionné de bd , qui m'a gentiment prété Block 109 dont j'avais beaucoup entendu parler sans avoir jeté mon regard dessus. Quelle erreur car si il y a bien une uchronie graphique à découvrir en bande dessinée , c'est bien ce titre concocté avec soin par deux auteurs majeures de chez Akileos. 

Premier tome d'une saga uchronique dont chaque histoire peut se lire indépendamment, Block 109 est donc une uchronie couleur de cendre qui nous plonge dans un monde figé dans une guerre perpétuelle. Les nazis ont remporté la victoire contre les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, ils ont étendue leurs ombres sur l'Europe. Pour autant, ils sont toujours aux prises avec l'URSS , peu importe l'évolution technologique. C'est donc une uchronie de sang et de larmes assombrie par une colorisation aux teintes cendrés qui s'étale devant nos yeux. 

L'intrigue suit deux points de vues, celui d'un bataillon à l'est mené par le sergent Steiner qui fait connaissance avec des féroces créatures cannibales tapies dans les recoin du métro berlinois et le point de vue du pouvoir en place à travers Zytek, le nouveau maitre de l'Allemagne et son rival Heydrich, leader des SS.

La double-intrigue se lit doucement mais surement, laissant le temps aux rouages de se mettre en place vers un dénouement terrible contrôlé par du suspense en béton armé. Le fait de centrer le point de vue du côté des nazis accentue le sentiment d'oppression qui nous lit à cette uchronie qui apparait d'abord comme très nihiliste, un récit très noir accentué par le style gueule cassée de Ronan Toulhoat, une ambiance dont le sépia cendré remplace la couleur, présente uniquement sur des touches de rouge... Mais plus l'intrigue avance, plus cette uchronie surprend vers un dénouement qui va rabattre les cartes et condamner l'absurdité de cette humanité toujours aussi belligerante...

Une humanité qui est cependant loin d'être homogène dans sa cruauté comme le montre une galerie de personnages attachants et mystérieux avec en première ligne Zytek, le dirigeant imperturbable de la Nouvelle Allemagne qui ne montre aucune pitié ou encore la troupe de soldats-roublards  menés par l'ambigue Steiner. Afin de donner du poids authentique à cette uchronie, les auteurs insérent de véritables personnages historique comme Reinhard Heydrich , bras droit de Himmler, bête redoutable du nazisme, qui survit ici dans cette uchronie pour devenir le leader des SS, figure d'une ancienne autorité supplanté par le Nouvel ordre teutonique représenté par Zytek... 

Le cadre de l'uchronie est bien écrite malgré un côté un peu balourd avec les robots méchas qui insufflent juste de la densité dans les scènes de guerre. De même; le titre aurait pu flirter avec le Z à travers des personnages de zombies qui plongent le récit dans une dimension plus horrifique mais ce cocktail d'ingrédients qui aurait pu s'avérer indigeste fonctionne très et alterne efficacement entre les joutes du complot et de la prise de pouvoir, et les scènes de guerres âpres et violentes...

Au final, on dévore tout simplement ce premier tome auto-conclusif dont le cadre s'est enrichie de six autres volumes...

Vincent Brugeas, diplomé d'histoire, et Ronan Toulhoat , signaient alors leur première bd,  par la suite, ils confirmeront toujours leur talent chez l'excellent éditeur  Akileos avec Le roy des ribauds. Pour un premier titre, ce duo qui se retrouvera à maintes occasions  signe donc une uchronie palpitante, froide, dôté d'un suspense impeccable qui nous bouscule et nous retranche derrière les tranchés d'un monde "presque" dépourvu d'espoir , un véritable loup dans la bergerie...

En bref

Block 109 demeure à ce jour une uchronie graphique qui n'a rien perdue de son efficacité. D'abord nihiliste, ce premier tome finit par s'extraire de son goût de cendre assez prononcé pour ammener son lectorat vers une double-intrigue palpitante mené par un suspense machiavelique à souhait vers un final explosif. Signalons le début d'un duo talentueux entre l'inspiré scénariste Vincent Brugeas et le style réaliste , tout en caractère de Ronan Toulhouat. Un must-have à relire et relire.

8
Positif

Une uchronie diabolique guidée par un suspense de maître

Un style gueule cassée rehaussée par une atmosphère nihiliste et désemparé dans un monde en guerre perpétuel

Une intrigue qui se dénoue et s'affirme peu à peu dans un déluge de rebondissements;

Negatif

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