Critique de Ce vide au fond de moi #1
par Tampopo24 le dim. 13 oct. 2024 Staff
Rédiger une critiqueQue faire de sa douleur
La collection ''Moonlight'', c'est vraiment le label des histoires dures et âpres de Delcourt-Tonkam et pas seulement du fantastique mais aussi d'un quotidien sordide, car tel est l'exemple de Ce vide au fond de moi.
Avec sa couverture poétique aux allures des Goonies avec ce rail de chemin de fer qui traverse l'image, les autrices nous mettent déjà sur la voie. Nous serons avec des personnages qui se cherchent, qui tanguent, qui vacillent, et qui se trouvent ? Ça ça reste à définir.
Dans un trait assez classique, rappelant celui de Kaori Ozaki (Mermaid Prince, Golden Sheep...), elles emmènent le lecteur dans une histoire très dure faite de mort, d'abandon, de souffrance intime. L'histoire s'ouvre d'ailleurs sur deux enfants fuyant des adultes et dont l'un d'eux se donne la mort plutôt que de se faire attraper. Et ce n'est pas une fiction, c'est un poids avec lequel le survivant, désormais adulte, doit vivre. On fait ensuite la rencontre d'une adolescente qui se sent très mal dans sa peau car elle ne parvient pas à gérer les sentiments interdits qu'elle a vis-à-vis de son père. Et cela va continuer ainsi pour aller de Charybde en Scylla.
Pour autant, ce ne sont pas des histoires indépendantes mais un vaste récit où les solitudes des personnages vont se croiser et s'attirer, permettant parfois à certains de trouver une voie d'issue et de réconfort ou juste un moyen de se décharger pour être moins seuls avec leurs problèmes. Ces personnages prennent vraiment aux tripes. On a mal devant leur sentiment de solitude, leur mal être, le mal qu'ils se font ou que d'autres leur fond. Le seul reproche que je ferais est peut-être que c'est parfois un peu trop gros, un peu trop exagéré. Quand on touche à la mort, à la prostitution, à l'inceste, j'ai eu un peu de mal. Quand on me décrit un personnage qui aime son père et se prostitue pour ne pas se sentir seul, je me dis WTF ! Idem quand on nous propose des ados qui poussent leur copine à se prostituer. C'est un peu too much.
Les autrices touchent donc à des sujets sensibles mais parfois de manière un peu maladroite. Leurs personnages sont d'ailleurs assez caricaturaux, entre Chihiro l'adulte renfermé de 27 ans, Ruka l'ado jouant de son charme ou Anzai l'intello persécutée. Leurs histoires sont poignantes mais leur écriture est un peu facile...
En bref
Reste un titre avec des trajectoires de vie à la fois réalistes et extrêmes où les autrices font très bien passer leur douleur intime et leur solitude, les rendant inaptes à s'en sortir seul. C'est un récit poignant que se déploie dans cette série toujours en cours au Japon avec ses 3 tomes. Les autrices dans une ambiance urbaine actuelle et à la fois nostalgique nous prennent aux tripes avec les douleurs de leurs personnages. On a envie de les suivre pour les voir s'en sortir et ne pas sombre. Mais avis aux âmes sensibles.
Positif
Une touchante nostalgie dramatique
Des trajectoires de vie déchirantes
Une critique de notre société sur le thème de la solitude
Une lecture addictive
Des dessins rappelant ceux de Kaori Ozaki
Negatif
Un manque de nuances
Des personnages caricaturaux
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