Le retour de Rocketeer

La carrière de Dave Stevens fut courte, et pourtant, sa série Rocketeer est restée dans les esprits. Pour ma génération, ce serait dommage de ne la connaître qu'à travers un film Disney datant de 1991. Son dessin est un des plus beaux dans le milieu indépendant, de plus, il a joliment immortalisé les traits du mannequin Bettie Page. Il était gaucher et gommait énormément. Son travail était d'une lenteur considérable tant il cherchait la perfection, même en dédicace. Je l'ai appris en lisant les interviews inclus dans la version artiste française éditée à l'époque par Néofelis, via la plateforme participative, Ulule.

On peut trouver encore chez Delcourt l'intégralité de la série en couleur. A la fin de mon tome, une réédition de la reprise par Mark Waid et Chris Samnee apparaît au programme. En attendant, nous avons des "nouvelles aventures" confectionnées par de très grands noms de l'industrie. Et, on commence très bien avec le regretté John Cassaday (Star Wars, Astonishing X-Men...). En quelques planches, il arrive à faire décoler l'histoire et coche l'une des plus marquantes du livre. Il faut dire que le résumé de l'histoire en une page auparavant permet de donner de l'épaisseur à son récit.

Sinon, j'étais très heureux de m'apercevoir qu'il avait un de mes chouchous, Mike Allred. Il est toujours accompagné de Laura pour les couleurs. J'ai du mal à regarder Betty et Cliff sans penser à Dawn et au Silver Surfer. Je suis nostalgique de ce couple, par contre, à aucun moment je n'ai boudé mon plaisir en admirant les cases si parfaites à mon goût.

Puis, le scénariste Kurt Busiek (Marvels par exemple, Avengers, Astro city...) fait un bon boulot malgré le manque de page lors d'un exercice comme celui-ci. La fin rappelle une photo très connue de la Libération, et, j'avoue que c'est vraiment bien joué pour un titre comme Rocketeer qui se veut un hommage au pulp justement. Mark Waid arrive aussi à tirer son épingle du jeu en tournant en dérision une adaptation hollywoodienne d'un comic book. La boucle est bouclée. Petite cerise sur le gâteau, retrouver le trop rare Darwyn Cooke (The New Frontier, Catwoman : le dernier braquage). Betty est cette fois l'héroïne.

Si Bruce Timm (Batman : Mad love) nous fait l'honneur de participer, le scénario de Joe R.Lansdale m'a moins touché. Pourtant, le format de la nouvelle aurait pu nous donner plus de détails, mais, il y a trop de scènes d'action qui ont en plus un air de déjà-vu. Enfin, pour parler de "une journée à la plage" de Daves Gibbons, le co-auteur de Watchmen : Les Gardiens, je trouve que la planche de surf californienne rend hommage au natif de Lynwood, une ville située dans le comté de Los Angeles.

"Cesse de te comporter en cro-magnon ! Les années 40 approchent, enfin ! Les femmes ne sont pas des bibelots à garder sous cloche, tâche de le comprendre !"