Et au milieu gronde une forêt

Dès le début, le lecteur est replongé dans l’univers néoféodal postapocalyptique où la princesse Blanche, perdue dans une forêt inquiétante, est la dernière chance d’éviter la vente à la découpe du royaume de son père à l’un de ses vassaux. Un homme Paul Green, à la demande de son père, le Comte Cocto, est parti à sa recherche ; Paul se bat depuis toujours pour la survie de la forêt.

Dans ladite forêt, déréglée, où les chevreuils sont devenus charognards et où d’étranges champignons rendent la flore agressive et tueuse, les bandes se croisent avec des intérêts divergents. Le périple du groupe de Blanche les mène au « campement des confluences », ce qu’il reste de l’ancienne capitale des Gaules après un cataclysme qui a détruit l’ancienne France. Mais l’humanité semble en capacité de s’adapter et de rebondir, pour créer autre chose. Une autre société, certes, mais où les inégalités semblent perdurer, l’appât du gain et l’irrespect de l’environnement aussi, avec ou sans technologie. En parallèle on rentre au cœur des histoires personnelles : la mort d’un enfant inacceptable, ou le sacrifice d’un seul pour les sauver tous. Avec ce conte, car s’en est un, les auteurs nous amènent à refuser la résignation, choisir la désobéissance pour obtenir l’émancipation.

Le dessin est superbe, gracile, aux mille tons de vert. Le réalisme des personnages et des décors, l’inventivité de la matérialisation des mutants hybrides ou la mise en image d’une tempête d’arbres, un tsunami végétal, puissant et destructeur, donne corps au scénario et le rende crédible.

Un diptyque choc pour explorer, avec réalisme, un futur possible de vengeance de la faune et de la flore, face à nos errements et nos excès. L’humanité a-t-elle encore la force d’une révolution pacifique, créatrice d’espoir ?