Je ne me suis jamais vu comme un héros...juste un pauvre type qui a eu malchance de survivre...
Le personnage de Lord Baltimore est apparu pour la première fois en 2007 dans un roman écrit par Mike Mignola (pour le concept et l'histoire) et Christopher Golden. Au début, Mignola le destinait à une bande dessinée mais occupé par le développement de l'univers Hellboy, il a demandé à son complice Christopher Golden de s'occuper de ce livre dont il a signé les illustrations. Trois ans plus tard, Lord Baltimore est finalement devenu un comic-book, rejoignant l'Outerverse, autre univers partagé de Mignola publié par Dark Horse (Joe Golem en fait notamment partie). Il y a eu en tout 41 épisodes (comme souvent, les titres de Mignola sont des "séries de mini-séries"), répartis en 8 albums et donc deux Intégrales qui retracent le parcours de Lord Baltimore, vétéran de la Première Guerre Mondiale confronté aux forces du mal après la mort de son épouse assassinée par le vampire Haigus.
Les événements des quatre premiers albums, rassemblés dans la première intégrale, se déroulent parallèlement au roman. Les quatre suivants, présents donc dans cet omnibus, en constituent la suite et détaillent les efforts de Baltimore et de ses alliés pour purger la Terre de l'influence et de la présence du Roi Rouge, le démon à l'origine du mal. Car "tant que le Roi Rouge règnera, Lord Batimore ne pourra pas disparaître". Lorsque débute La Sorcière de Harju, les protagonistes se retrouvent en Estonie, près d'Harju, un petit village d'où se propagent des rumeurs de sorcellerie. Après avoir sauvé une jeune femme poursuivie par un mort-vivant (non sans déplorer une perte, autre victime de ce conflit), les chasseurs l'accompagnent à Harju pour y mener l'enquête...
Mini-série en 3 parties, La Sorcière de Harju marque la première apparition du nouveau dessinateur de la série, Peter Bergting, qui impose son style par une scène d'attaque efficacement chorégraphiée. Si certaines cases manquent parfois de finitions, les designs de créatures sont accrocheurs et les atmosphères sont soigneusement ciselées. Entrée en matière réussie pour un suspense qui monte bien en puissance pour déboucher sur un dernier acte mouvementé. Le dessinateur Ben Stenbeck est revenu une dernière fois sur le comic-book qu'il a co-créé avec les deux chapitres du Loup et L'Apôtre. Baltimore n'est pas l'acteur principal de ce "récit de survivant" centré sur le juge Rigo, seul Inquisiteur à avoir survécu à la mission organisée par son Ordre pour abattre un autre Juge mordu par un Loup-Garou. Un huis-clos gothico-gore intense et mené sur un rythme enlevé...
Dans Le Culte du Roi Rouge, Lord Baltimore et ses compagnons suivent plusieurs pistes à la fois. Il y a beaucoup de protagonistes qui gravitent autour du chasseur unijambiste (Thomas Childress, Demetrius Aischros, Lemuel Rose, Simon Hodger, Harish, Mr Kidd, Sofia Valk, Joaquim Rigo...) et le scénario profite de cette dynamique, tout comme le héros-titre. Mignola et Golden gèrent bien cette équipe en s'attardant juste ce qu'il faut sur chacun pour nourrir les péripéties. L'idée de scinder le groupe en deux est également bonne. Mignola et Golden passent d'un lieu à l'autre sans jamais relâcher la tension, avec une sensation de danger constante pour les héros. Comme un Baltimore amer le dit lui-même, tous ceux qui l'approchent meurent. Une incertitude qui renforce le doute entretenu par l'intrigue car n'importe lequel d'entre eux est susceptible de perdre la vie dans ce long combat contre le mal...et il y a des pertes dans le livre VI...
C'est un constat amer qui imprègne l'arc narratif suivant, Les Cercueils Vides. En enterrant leurs camarades tombés (même si pour certains, ils doivent rendre hommage à...des cercueils vides), les alliés de Baltimore se remémorent leur passé et les circonstances qui les ont conduit sur le chemin de la guerre (flashbacks traumatiques et sanglants). Moment de calme avant la tempête, une introspection terriblement pessimiste pour ces "morts en marche". La suite est du même tonneau car les efforts de Baltimore et de ses compagnons pour empêcher que le Roi Rouge s'incarnent sur Terre se soldent par un échec. Le rouge est d'ailleurs la couleur prédominante d'un final désespéré qui touche en plein de ce qui reste de coeur à Lord Baltimore...
Le Livre VIII (sur VIII), Le Royaume Ecarlate, débute par un saut temporel. Baltimore a disparu depuis deux ans pour oeuvrer dans l'ombre à la perte du Roi Rouge. Il a monté un réseau et il est enfin de retour. Réapparition qui n'est pas si bien accueillie que ça car certains de ses vieux amis se sont sentis trahis par son départ. Réactions légitimes donnant lieu à d'intéressantes interactions, bien caractérisées. Mais il faut mettre les conflits internes de côté car la Guerre contre les armées surnaturelles du Roi Rouge embrase l'Europe. Cet ultime chapitre apocalyptique ne manque pas de visions infernales, d'action et de rebondissements. La tension est omniprésente et le final est à la hauteur de ce qui a précédé. Le travail sur les personnages (des hommes et des femmes qui s'accrochent à leur humanité face à l'horreur) est soigné et les dernières pages touchent juste en offrant à Lord Baltimore une fin qui boucle son périple tragique avec héroïsme et émotion.
Mais ce n'est pas terminé pour cet univers car il y a tout de même une survivante qui perpétue depuis le souvenir de son ami et mentor sous le titre de Lady Baltimore...mais ceci est une autre histoire...
En bref
Les bonus comprennent une postface de Christopher Golden et des couvertures régulières et alternatives signées Mike Mignola, Peter Bergting et Ben Stenbeck.
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