Amour et réconfort

J’allais dire que malgré son début tout en émotion et finesse, ce tome était un peu anecdotique, c’était avant ce si joli final faisant réaliser que la banalité du sentiment amoureux est aussi ce qu’il y a de plus beau en période de guerre.

La guerre, on le sait bien, est quelque chose de terrible, quelque chose de ravageur, qui extermine tout. On a donc besoin d’espoir et d’amour, ce que l’autrice dépeint merveilleusement ici, à travers deux tableaux très différents, qu’on pourrait croire opposés, mais qui se rejoigne fort joliment quand on y réfléchit.

Le tome s’ouvre en effet sur l’émotion palpable d’Ari qui confie ses souvenirs du temps passé avec Ceylan, de qui elle ne parvient pas à faire le deuil. C’est simple mais si doux et plein de poésie, dramatique et pourtant tellement émouvant. L’autrice est très juste ici. Elle n’en fait pas des tonnes, elle parle des choses simples de la vie et sa simplicité est justement ce qu’il fallait ici pour nous toucher.

C’est pourquoi les chapitres suivant montrant le quotidien enjoué de Mimi et Shina pouvaient sembler un peu légers et anecdotiques. Les voir cuisiner ensemble, aller en cours, jouer avec leurs amies, le tout avec la guerre loin d’elles semblaient un peu décalé. On en oubliait le drame de celle-ci, sa rudesse, son injustice, malgré une nouvelle information capitale sur la raison de celle-ci qui fait qu’on comprend mieux ce qu’il se passe. Cependant, cela n’avait rien d’extraordinaire, même si à défaut c’était mignon.

Même quand l’autrice a décidé de développer enfin sa romance, avec un geste enfin signifiant, je n’ai pas particulièrement accroché. C’était mignon, c’était doux, joliment mis en scène, mais ce n’était pas totalement ce que je cherchais. C’est heureusement dans les interstices ensuite que s’est dessiné l’importance de ce moment pour chacune, un répit dans la tempête qui les touchait, une respiration dans toute cette noirceur qu’on les obligeait à côtoyer. Car, encore est-il question de pourquoi fait-on cette guerre ? pourquoi y envoie-t-on des enfants ? Alors laissons-leur ce joli moment, cette consolation, ce réconfort. C’est ce que nous apprend l’autrice, notamment quand on met en lien les deux histoires de ce tome et c’est très beau alors.