Bert la Tortue dit Plonge à Couvert !
La bande dessinée Duck & Cover tient son titre d'un court métrage de propagande utilisé par la protection civile américaine dans les années 50 pour rassurer la population et apprendre aux élèves américains à se protéger lors d'une attaque nucléaire, l'une des grandes peurs de la période de la Guerre Froide. Bon, le seul conseil de Bert la Tortue, le personnage animé de ce petit film, était de "plonger" et de se "mettre à couvert" en mettant sa tête sur ses genoux...une autre époque, hein. Si Scott Snyder et Rafael Albuquerque utilisent cette formule, c'est parce que leur mini-série se déroule pendant cette période compliquée de l'histoire américaine et dans la version qu'ils ont imaginé, le fameux "Duck & Cover" va être utile aux protagonistes.
Duck & Cover est une idée que Snyder et Albuquerque ont eu il y a plusieurs années (cela remonte à leur collaboration sur American Vampire) et comme les autres titres de Best Jacket Press publié dans un premier temps en numérique sur Comixology, le scénariste a attendu le bon moment pour la mettre en forme. L'histoire parle principalement de jeunes hommes et femmes qui tentent de trouver leur voie dans une société qui leur met des bâtons dans les roues...et tout cela avant que le monde parte complètement en sucette...
La base peut être considérée comme classique, des adolescents qui en ont assez qu'on leur disent quoi faire. Pas des "Rebel without a cause" à la James Dean, mais un étudiant noir passionné de cinéma, un nippo-américain qui espère le retour de son père, un balaise qui a peur de sortir du placard, un dur du lycée au lourd passé, une fille à papa qui cache un gros secret et une chef de gang plus intelligente qu'il n'y paraît. Des chemins qui vont se croiser avant de se réunir pour affronter la fin du monde...car dans cette Amérique alternative, le conseil du "Duck & Cover" va se révéler étonnamment efficace (même s'il y a une raison derrière tout cela)...
Le cinéma tient une place importante dans la vie des personnages et Scott Snyder & Rafael Albuquerque développent justement leur histoire par le prisme des genres les plus populaires sur grand écran dans les fifties, le mélodrame, l'horreur, la science-fiction et le western...qui donnent également leur titre à chaque chapitre. Le mélodrame permet de faire les présentations, d'établir les caractérisations; l'horreur et la S.F. sont les expressions des peurs de cette décennie et le western, c'est la rébellion, la prise de confiance, la contre-attaque contre des créatures qui bénéficient des très bons designs d'Albuquerque...
S'il y a une petite chose que je regrette après la lecture, c'est que les récitatifs de Scott Snyder peuvent être souvent un peu trop pompeux, un peu trop sérieux et en décalage avec le délire des situations. Car les héros sont véritablement plongés dans une série B aux influences bien digérées (jusqu'au présentateur radio à la Wolfman Jack de American Graffiti qui participe à l'action et une solution finale très Mars Attacks) et aux rebondissements dynamiques...et c'est cet aspect qui m'a le plus plu dans Duck & Cover, tout comme la valeur symbolique du dernier face-à-face et une dernière case en forme de point d'interrogation qui garde l'esprit des productions diverses qui ont inspiré Scott Snyder et Rafael Albuquerque.
En bref
L'album se referme sur l'un des bonus réguliers proposés par Delcourt, une galerie d'illustrations composée de couvertures régulières et alternatives.
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