Réalisme magique dans un désert punk

Malgré une narration qui reste un peu fouillie à mes yeux, l’autrice semble se reprendre et profiter de la pause de son récit pour juste en reposer les bases et futurs développements. Une bonne idée.

En effet, j’avais l’impression que ça partait un peu trop dans tous les sens et pas forcément les bons. Il y avait donc besoin d’un recadrage, d’un recentrage. Le côté conte post-apo punk conférait ce sentiment à la lecture, avec l’ambiguïté du plaisir de l’originalité et de l’agacement face au délitement de l’oeuvre. Ici, finalement la pause est salutaire.

Takeda prend ainsi le temps de nous raconter qui est Doga, d’où elle vient, pourquoi elle est si spéciale. Et avec un nécessaire flashback sur sa naissance, elle nous offre de nouvelles pistes de réflexion, certes sortant un peu de nulle part et conférant un fantastique magique à ce titre très SF punk jusqu’à présent, mais intéressantes et qui ouvrent surtout de nouvelles portes. Car du côté de Yote, on tourne un peu en rond avec les factions qui veulent le récupérer pour telle ou telle raison. Takeda développe certes son attachement et sa fascination pour Doga mais c’est à peu près tout. Ah si, pardon, nous avons un chapitre intriguant sur les fameuses sirènes qu’il recherche qui se sont peut-être pas une chimère finalement.

Le plaisir de lecture est cependant plus sur le potentiel de la série que sur ce qu’elle apporte réellement ici, car tout a déjà été dit, et l’eau apporté au moulin est bien infime cette fois. Oui, on rencontre le frère de Doga, et ? Oui, on apprend les circonstances de sa naissance, et ? Oui, Yote est toujours pourchassé et poursuit sa quête avec un reboot peu nécessaire et avec des conséquences pas hyper bien travaillées, et ? Je prends plaisir à voyager avec eux, à me mêler à ces milieux où misère et espoir se côtoient au point de faire parfois oublier la première dans ce monde pourtant si rude. Mais quand j’y réfléchis, on avance peu et on tourne pas mal en rond côté idée. J’attends donc plus.