OH OH OH.... voilà le père noël de Paru Itagaki
Dans le paysage des manga, Paru Itagaki est une dessinatrice à part.. A l'instar de Tatsuki Fujimoto ( Fire Punch, Chainsaw man...), le travail de Paru Itagaki ne rentre dans aucune case. Elle l'a amplement prouvé avec sa série majeure Beastars , une série au dessin anthropomorphique dont l'intrigue s'ancrait dans un lycée animalier à la frontière du thriller et du life-school. Voilà que la mangaka reprend avec son style bien à elle et un certain humour noir matinée de folie le mythe du père noël avec ce premier tome de Sanda, un début de série qui s'apprécie facilement peu importe la saison.
Ce premier tome de Sanda capte l'attention dès les premières pages alors qu'un jeune lycéen du nom de Sanda se fait attaquer au couteau par une lycéenne un peu borderline , Fuyumura. Cette dernière est en effet persuadé que l'adorable petite bouille de Sanda et son petit mètre 60 est en réalité le Père Noël. Fuyumura est prête à tout pour éveiller le pouvoir de Sanda quitte à le tuer mais elle le fait dans un but : retrouver sa meilleure amie Ono portée et que tout le monde croit morte.
Débuter son manga par une attaque au couteau, voilà qui n'est pas banal mais rappelons que c'est un manga de Paru Itagaki qui adore jouer avec une ambiance borderline saupoudrée d'un certain humour noir. Son manga possède parfois des allures de cauchemar éveillé. Foncièrement, si Sanda est un personnage mémorable avec ce jeune lycéen tout sympathique qui se change en père noel boostée aux hormones, la palme du meilleur personnage de ce début de série revient à Shiori Fuyumura. Le regard fixe et globuleux , déterminée et désaxée, la lycéenne est prête à tout pour retrouver son amie quitte à faire exploser une bombe dans sa classe. A elle seule, elle incarne le décalage de cette série folle qui gagne en profondeur au fil des pages.
En effet, après la révélation du père noel avec un pauvre Sanda qui découvre peu à peu ses pouvoirs, la mangaka développe le background de cette série qui se déroule dans un futur proche. Clairement, Sanda est une dystopie qui s'attarde sur une problématique bien réelle au Japon : le déficit de natalité avec une population qui a de moins en moins envie d'avoir des enfants. Cela donne une société futuriste où la jeunesse est une denrée précieuse. Nous l'apprenons un peu plus avant dans ce premier tome qui témoigne aussi des talents narratifs de Paru Itagaki qui développe le cadre de l'intrigue par le biais du troisième membre de cette bande de gentils allumés.
La valeur symbolique de ce "super-sanda" n'en est que plus forte. Il est urgent de refaire revenir le père noel et par extension l'esprit de noel, que ce soit pour retrouver une amie disparue ou pour faire revivre un commerce dans un Japon où la jeunesse a oublié Noel. D'une certaine manière, Paru Itagaki donne sa version à elle d'un téléfilm de Noel en beaucoup mieux et beaucoup plus féroce...
Féroce car ce premier tome de Sanda demeure dans la veine des shonen ++. Certains passages sont marquants avec un pauvre Sanda qui se fait poignarder ou une Fuyumura en train de taper du poing sur du verre. Attention à ne pas se laisser enjoliver par l'esprit de Noel, Paru Itagaki nous parle aussi de traumas, de la part de sombre de l'être humain. C'est ce qui donne toute sa force à ce début de série qui se montre imprévisible et très créative.
Parlons un peu de ce personnage effrayant et cringe à souhait du directeur de 92 ans qui voulait rester continuellement jeune. Ce personnage condense à lui seul l'humour noir et décalé mais aussi ce côté dérangeant qui fait partie du style de Paru Itagaki. La première apparition de ce directeur est juste mémorable avec cette main de nonagénaire qui surgit d'une porte de coulissante avant de dévoiler un visage juvénile et perturbable. Un jolie coup de crayon et de folie de la part de l'artiste !
Au niveau du dessin, Paru Itagaki avait déjà montré son talent pour le style anthropomorphique avec Beastars . Pour ce premier manga avec des humains ( du moins en France), on retrouve facilement le style très reconnaissable de la mangaka avec des personnages aux traits félins, la silhouette élancée et un degrés d'expressivité intense. Visuellement, ce début de série possède également un grain de folie jonglant avec un peu de noirceur…Un style facilement rattachée au dessin de la mangaka.
Pour bien apprécier Sanda , il faut tout de même aimer les mangas peu orthodoxes, la dessinatrice revisite à sa manière le mythe du père noel dans un délire tragi-comique qui pourra ne pas plaire à tout le monde. Si vous n'avez pas apprécié Beastars, vous ne serez peut-être pas fan de ce père noël propulsé dans un Japon futur qui découvre peu à peu ses pouvoirs ou, bien au contraire, vous serez séduit par ce titre allumé qui cache bon nombre de cadeaux dans sa hotte.
N.B : Rendez vous le 2 octobre 2025 pour le nouveau manga de Paru Itagaki, le one-shot Bota Bota !
En bref
Ce premier tome de Sanda est une bonne surprise . Pas la peine d'attendre Noel pour lire cette série qui exploite la figure de Santa Claus dans un curieux registre tragi-comique mâtiné d'initiation shonen avec une pointe de thriller et de school-life. C'est un manga détonnant dans le paysage ce qui n'a rien d'étonnant puisque c'est la nouvelle série de Paru Itagaki.
Positif
La revisite du père noel façon Paru Itagaki
Une ambiance wtf oscillant entre l'humour noir et le registre borderline
Des personnages foncièrement allumés à commencer par la violente Fuyumura ou le dirlo cringe qui n'assume pas son âge
Une bonne toile de fond qui évoque les problèmes démographiques actuelles du Japon
Negatif
Un style peu orthodoxe qui laissera quelques lecteurs sur la touche








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