MISHIMA BOYS, Coup d'Etat Manga Seinen édité chez Akata scénariste : Eiji Otsuka illustratrice : Seira Nishikawa 1 tome / en cours (série en 2 tomes) Thème: Polar, politique, faits de société Synopsis : K., M., Y. … Trois lettres, pour trois garçons. Qui sont-ils ? Quels projets fomentent-ils ? Et surtout, quel étrange lien les relie à Yukio Mishima, écrivain nationaliste mondialement connu ayant vécu au tournant d’une époque dramatique du pays en prônant un retour aux valeurs traditionnelles du Japon ? Dans un après guerre tourmenté, alors que le Japon s’ouvre trop vite au capitalisme et à l’Occident, voici un portrait complexe et désabusé de jeunes gens égarés dans une société en perdition… LE CRIME, TENTATIVE ULTIME POUR DÉFENDRE SES CONVICTIONS Avec Mishima Boys, on replonge dans l'univers sombre et glacial qu'Eiji Otsuka nous narre avec son génie habituel, comme Unlucky Young men, cette nouvelle histoire dépeint la jeunesse désabusée du Japon d'après guerre. Se faire entendre, comprendre, critiquer et demander des comptes... oui mais comment atteindre ceux à qui l'ont ne peut s'adresser? Dans un contexte difficile, des jeunes hommes se voient accusés ou revendiquent des crimes qu'ils ont commis ou non. Ce n'est pas ça l'important, car le but est de choquer l'opinion publique, de réveiller les gens et leur crédulité à propos du système en place et des politicards véreux ! Que ce soit jeter une pierre sur le carrosse princier ou tuer une lycéenne de bonne famille, le but est toujours ailleurs. Mais pourquoi chercher à comprendre alors qu'on nous dit ce qu'on doit savoir, ce qu'on doit penser ? N'est ce pas un combat inutile que de défier la société entière, que de s'opposer à la masse ? Mishima Boys c'est tout cela, tout ce qui est derrière le masque du gouvernement et de ses représentants, tel une pièce de théâtre No. Les protagonistes principaux sont des lettres : K, M , Y car ils ne sont rien, c'est leurs actions et l'image qu'ils véhiculent qui fait d'eux les héros d'une communauté. Mishima boys est dessiné par Seira Nishikawa, une élève d'une des universités où enseigne Eiji Otsuka, on a vraiment l'impression de lire un film et pas du tout un manga. Sans être désagréable, cela surprend le lecteur, le fait de casser les classiques du genre peut en effrayer plus d'un. Pas de dynamique de lecture via la disposition des cases ici ! On est comme au théâtre, un spectateur en attente du prochain crime et de la suite de l'histoire qui nous permettra ou non de confirmer si tel ou tel homme est bien l'assassin, mais après tout est cela qu'il faut retenir ? Quand on est habitué au style de scénario d'Eiji Otsuka, on sait forcément que ce sera noir ou plus sombre encore, c'est sa signature: explorer l'être humain libéré de ce carcan qu'est la morale dans une situation ou on lâche la bride et dans laquelle on casse tout les codes qui nous tiennent habituellement lieu de règles de vie. Séverine Chougny - Le 26-02-16