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Critique de Une Sacrée Mamie

par Neginator le lun. 1 févr. 2016 Staff

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Issu d’une famille pauvre des années 50-60, Akihiro Tokunaga vit aux côtés de sa mère et de son frère à Hiroshima, son père étant mort des conséquences de la bombe atomique. Ne pouvant plus subvenir aux besoins de ses deux enfants, sa mère le confie du jour au lendemain à sa grand-mère qui habite à Saga, en pleine campagne. Auprès de cette dernière toujours positive et pleine d’entrain, il va apprendre à vivre d’une toute autre manière malgré l’extrême pauvreté de celle-ci et de son logement. Dans un premier temps, Akihiro reste assez réticent à l’égard de sa grand-mère qui lui mène la vie dure et ne semble pas lui montrer tant d’affection. Du moins en apparence, car elle sue sang et eau pour son bonheur. Ensemble, ils vont apprendre à se découvrir l’un, l’autre, entourés de personnes attentionnées, compatissantes et pleines de bonne volonté. Une sacrée mamie est l’adaptation en manga du célèbre roman Une enfance à la campagne de Yoshichi SHIMADA, un comédien-comique japonais ayant écrit cette œuvre en s’inspirant des huit années de son enfance aux côtés de sa grand-mère en zone rurale. Dans cette œuvre, on nous présente tout d’abord la dureté du quotidien de l’époque, aussi bien pour les familles ayant peu de ressources en ville mais également en milieu rural où la vie est encore plus difficile et la pauvreté plus ancrée. Cependant, à la campagne, il règne une certaine solidarité, aspect nettement mis en avant dans la série. Les villageois trouvent toujours le moyens de s’entraider. Le petit Akihiro qui rêve de richesses voit la pauvreté comme quelque chose de pesant. Mais au fil des tomes, elle lui paraît bien moins triste et ce, grâce au contact de sa grand-mère si joviale, pleine de bons sentiments et à l’humour fracassant ! On le voit ainsi grandir, se forger un certain caractère, tout en conservant son âme d’enfant, sa naïveté et son manque de proximité maternelle qui le rendent extrêmement attachant. C’est donc cette valeur humaine, cette complicité qui naît entre les deux protagonistes principaux qui reste l’une des qualités véritablement marquantes de ce titre : une relation touchante qui chamboule le lecteur en permanence. Alors qu’Akihiro n’avait qu’une envie, retourner auprès de sa mère, petit à petit, il en vient à ne plus vouloir quitter ou laisser seule sa grand-mère. Et ce, malgré le tiraillement ressenti face à l’absence de son repère maternel. Akihiro devient un véritable soutien pour sa grand-mère et elle le lui rend bien en lui témoignant son amour par de petits gestes qu’il ne perçoit pas toujours. Elle en vient à se serrer la ceinture pour économiser et permettre à son petit-fils de profiter occasionnellement de repas plus consistants ou même pour payer le billet de train afin qu’il parte voir sa mère quelques jours. Vivant dans une grande précarité, ils ne mangent que très rarement des plats copieux, suffisamment nourrissant et surtout à leur faim. La grand-mère du jeune Akihiro nous donne d’ailleurs l’opportunité de rire malgré la tristesse de l’instant en sortant bien souvent de petites répliques fortement amusantes. Parmi les meilleurs exemples, on compte bien sûr la réplique « Dors, c’est un rêve » lorsqu’Akihiro vient lui dire qu’il a faim ou encore l’histoire du bol de riz à l’œuf sans œuf où elle précise à son petit-fils de s’imaginer l’œuf sur le riz. Chose qu’il fait et dont il finit par en ressentir le goût, pourtant absent. Ainsi, ils parviennent tout de même à apprécier chacun de ces maigres repas partagés ensemble. Lors de plats plus copieux à leur échelle mais pourtant encore trop pauvres à nos yeux, la joie qui émane alors de ces deux personnages n’en est que plus grande et frappe le lecteur de plein fouet, lui rappelant le plaisir des choses simples. Le bonheur ne semble ainsi pas reposer dans l’abondance et la richesse, mais plutôt dans la simplicité et le partage. Du côté des personnages secondaires maintenant, ils ont une grande importance dans l’évolution de notre personnage principal mais également dans l’humour et la réflexion suscités par ce titre. Nous avons un large panel de personnages caricaturaux tous plus intriguant les uns que les autres. Commençons par Nanri, le meilleur ami d’Akihiro, un soutien permanent, tout aussi naïf et crédule que lui, avec qui il partagera chaque instant. Il finira par prendre une place majeure dans la série et ajoutera une grande touche d’émotion et d’humour au récit. Autre personnage emblématique de la série, la doyenne du village nommée par son entourage « Tome-aux-oreilles-infernales » (et grand-mère de Nanri) qui sait absolument tout des faits et gestes de chacun. Elle incarne à la fois la sagesse et l’autorité mais également la sournoiserie. Le jeune Tanuma est un camarade de classe d’Akihiro et Nanri, issu d’une famille aisée, qui ne manquera pas de taquiner nos jeunes héros. Néanmoins, il s’avèrera finalement être beaucoup plus attaché à ses camarades qu’il ne le laisse penser et sera continuellement intrigué par leurs agissements. Il est en grande partie le représentant de la richesse, de l’avarice, de l’abondance ainsi que la personne soumise à un avenir qui lui est déjà tout tracé, marquant une opposition très nette avec ce cher Akihiro, sans le sou et au futur incertain mais profitant beaucoup plus de la vie et des petits instants de bonheur. N’oublions pas le professeur de nos héros, âgé d’une trentaine d’années, célibataire et faisant preuve d’un grande timidité face à la jeune et belle infirmière dont il est secrètement amoureux. Il viendra en aide à Akihiro à de nombreuses reprises, ce qui ne manquera pas de captiver l’attention de l’infirmière. Ces deux personnages feront d’ailleurs l’objet d’une histoire bouleversante traitant du mariage arrangé, fait extrêmement commun à cette époque. Il y aura également un homme au chômage qui s’immiscera dans la maison d’Akihiro et de sa grand-mère afin de les voler, mais il ne s’attendra pas à ne rien y trouver. Chose terriblement surprenante, il attirera rapidement la sympathie de ces derniers et les aidera dans de nombreuses tâches du quotidien. Il apportera ainsi une certaine présence paternelle au foyer qu’Akihiro n’a malheureusement jamais connu suite au décès de son père, conférant une forte émotion à ces instants de partage. Tous ces personnages ne sont qu’une infime partie de cette abondance de caractères tous plus différents les uns que les autres mais qui ont au final une véritable utilité au récit, à l’émotion qui s’en dégage et à la réflexion que tout ceci suscite chez le lecteur. Après avoir abordé l’histoire, traitons maintenant du dessin. Le trait de Saburo ISHIKAWA peut surprendre à la lecture des premières pages. Cependant, on s’aperçoit vite qu’il n’est pas sans ressources ! Les décors sont magnifiques, bien soignés et très détaillés. Il maîtrise parfaitement les trames. Les expressions des personnages sont incontestablement précises, tout en usant parfois de caricatures. Le lecteur n’est que plus immergé dans l’instant présent et ne ressent que plus facilement les émotions des protagonistes. Vous l’aurez donc compris, Une sacrée mamie est un titre extrêmement prenant que je ne peux que vivement vous recommander pour sa richesse émotionnelle, culturelle mais aussi sociale ! Véritable source de bonne humeur et preuve d’une époque très solidaire, ce titre vous fera passer des moments bien plus qu’agréables et vous permettra d’enrichir votre façon de percevoir le monde extérieur et les petits tracas du quotidien.

En bref

Une sacrée mamie est un titre extrêmement prenant que je ne peux que vivement vous recommander pour sa richesse émotionnelle, culturelle mais aussi sociale ! Véritable source de bonne humeur et preuve d’une époque très solidaire, ce titre vous fera passer des moments bien plus qu’agréables et vous permettra d’enrichir votre façon de percevoir le monde extérieur et les petits tracas du quotidien.

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